Je courais, courais désespérément, et je commençais à perdre haleine.
Derrière moi, il courait aussi, et son pas de mastodonte faisait trembler le sol.
Comment la terre pouvait-elle supporter des créatures aussi énormes et gigantesques, sans se mettre à tourner comme une folle ?
En attendant, c' était moi qui était folle.........de peur, car, c' était après moi qu' il courait.
Un dinosaure !!! Je n' y comprends rien; nous sommes au XXIème siècle, et ils sont censés avoir disparu depuis longtemps.
Je me promenais, avec Victor le Chien, dans la forêt qui est derrière chez nous. Nous marchions sur un de ces larges chemins de sable qui servaient de parefeu; il bordait un de ces " no tree's land " vestige d' incendie ancien, où fleurissait la bruyère erica de l' été.
Le lacet d' une de mes chaussures de tennis étant défait, je me suis penchée pour le renouer, et...............j' ai été emportée dans une sorte de tunnel grisâtre, dont les parois se mirent à défiler à toute allure dans une sorte de chuintement soyeux.
L' atterrissage fut un peu rude; je regardais autour de moi, la forêt avait changé, les arbres étaient immenses, la bruyère avait disparu, il faisait chaud et humide, l' air était plus lourd.
En une fulgurance terrifiante, je compris que j' étais tombée dans un tunnel du temps, comme, parait-il, il s' en ouvrirait de temps en temps.
Dans quelle époque m' étais-je échouée ? Et surtout, quels en étaient les habitants ? Si seulement Victor m' avait suivie !
Et soudain, ce pas lourd qui ébranlait tout...et je le vis, géant aux petits yeux, d' abord étonnés, puis, qui devinrent très vite luisants de méchante convoitise.
C' est alors que je commençais à courir.
Un violent remous dans l' air m' indiqua qu' il se mettait lui aussi à courir............après moi. En un instant, je m' étais transformée en promesse de déjeuner.
D. merci, ce n' était pas un vélociraptor !
Celui-ci courait lourdement, et j' étais plus agile; mais je haletais, mon souffle se faisait court.
Avec la plus parfaite irrationnalité, je me disais qu' au bout de ce chemin, il y avait la route du Club Equestre, que j' arrêterais une voiture, et que je serais sauvée.
Puis, je réalisais qu' il n' y avait ni routes, ni voitures au temps des dinosaures, et, la terreur m' envahit. Elle me donnait des ailes, et des images de Jurassic Park se bousculaient dans ma mémoire, et me glaçaient le sang.
C' est alors que je m' entravais dans une racine, et, tombais lourdement. Je me dis que j' étais perdue; il allait me manger. Drôle de fin pour une créature du XXIème siècle !
Je sentis un coup de langue. Il me teste pour voir si je suis comestible.
J' ouvris un oeil, sans doute terrifié..........Victor le Chien était là, qui me regardait de cet air innocent et candide, mais si trompeur, dont il sait, parfois, affubler son regard. Ce chien est si malin ! Et en plus, il est télépathe. Mais, je ne sais pas pourquoi, j' y trouvais une lueur démoniaque.
Heureusement que nous, les Humains, n' existions pas au temps des dinosaures, sinon..........quelle vie !!!