Ce jour-là, la température bordelaise flirtait avec les quarante degrés. C' était trop pour une fille du nord. Anéantie, l' amie parisienne m'inspira une balade sur l' estuaire de la Gironde.
Un coup de téléphone pour s' assurer de places sur le bateau, et, cap sur Le Verdon sur Mer, où la Bohème III nous attendait.
En avant toute ! Nous voilà parties, le bateau fendant d' une étrave impérieuse les eaux limoneuses du Mississipi girondin.
Un énorme bateau vert, sûr de sa force, nous coupe presque la route;
Il file vers le port de la Lune, nous présentant très vite son impressionnante poupe.
La Gironde et la Garonne peuvent avoir une profondeur de vingt huit mètres, mais aussi des hauts-fonds de cinq mètres. Ce bateau a intérêt à rester dans le chenal. Un remorqueur le prendra bientôt en charge.
A babord et à tribord, des poissons volent. Ils sautent hors de l' eau, et, replongent aussitôt.Le capitaine nous explique que le bateau les dérange et les effraie. J' ai pu, par chance, en capter un.
Là-bas, vers les confins océaniques, se profile Royan. Le capitaine attire notre attention sur la cathédrale, que l' on distingue faiblement. Un coup de zoom permet de mieux apercevoir ce chef-d' oeuvre de l' art moderne, inauguré en mille neuf cent cinquante huit aprés trois années de construction.
Aprés les bombardements anglo-américains du cinq janvier mille neuf cent quarante cinq, qui détruisirent l' ancien sanctuaire, ainsi que la quasi totalité de la ville, on construisit cette ambitieuse cathédrale, en béton brut, sur le modèle des grands édifices gothiques.
C' est pendant la bataille pour réduire cette poche de résistance allemande, que les Américains utilisèrent, pour la première fois, le napalm.
Nous nous dirigeons maintenant vers la côte des troglodytes.
A plus tard !