Montaigne passa dans cette tour, les vingt années qui séparent sa retraite de la mairie de Bordeaux, de sa mort à l' âge de cinquante neuf ans. C' est aussi le temps qu' il fallut pour écrire les " Essais ", de mille cinq cent soixante douze à mille cinq cent quatre vingt douze.
On ne sait pratiquement rien de la vie de Montaigne entre quatorze et vingt deux ans. Il semble qu' il ait fait des études de philosophie à Bordeaux et de droit, sans doute à Paris. A vingt deux ans, on le retrouve conseiller à la cour des Aides de Périgueux, reprenant la charge de son père devenu maire de Bordeaux.
Catholique, respectant les rites de sa religion, ( certains y ont vu cependant, la volonté de cacher les origines juives de sa famille ), il a cependant porté sans états d' âme, le costume typique des magistrats protestants de Périgueux.
Quand le tribunal de Périgueux fut dissous, deux ans plus tard, le jeune Montaigne alla siéger au Parlement de Bordeaux, où il retrouva plusieurs membres de sa famille.
En ce temps-là, le Parlement de Bordeaux avait beaucoup de pouvoir, y compris politique. Non seulement on y rendait la justice, mais on y enregistrait les édits et ordonnances du roi, qui, sans cela, n' étaient pas exécutoires. En cette période troublée des Guerres de Religion, il pouvait même lever des troupes. Montaigne exécuta plusieurs missions auprès des rois de France successifs : Henri II, François II et Charles IX. Si la Cour le fascinait, il ne fut jamais tenté d' y faire carrière, trop indépendant pour cela.
En mille cinq cent soixante cinq, son père mourut. La fortune dont il héritat lui permit désormais de vivre de ses rentes. Lors, il abandonna sa charge et se retira dans le château familial, et, très vite, dans sa tour.
Entre temps, il se laissa marier avec Françoise de la Chassaigne, dont il eut six enfants, dont seule, Léonore survécut.
Comme de règle à cette époque, on dissociait mariage et amour. Montaigne eut de nombreuses liaisons féminines à Bordeaux, et, une vie assez dissolue pendant la période qui se situe entre la mort de son ami La Boétie, qui l' a beaucoup affecté, et son mariage.
Retiré dans ses terres, il dormait seul dans la tour, dans une chambre monacale.
Son épouse, elle aussi, avait sa tour, dont il apercevait le toit pointu à l' autre extrémité des écuries,
et à laquelle il accédait par le chemin de ronde.
La tour comportait tout ce qui était nécessaire pour y vivre, mis à part les repas.
En bas, un oratoire,
orné de fresques dont on distingue encore Saint Michel terrassant le dragon, entouré de deux blasons du maitre des lieux.
Un beau lustre ancien est suspendu sous un ciel étoilé.
Près d' une fenêtre, nous apercevons une ouverture dans le mur. Vers quoi débouche-t' elle ?
Nous le saurons quand nous serons à l' étage, vers lequel nous montons par un escalier obscur, en colimaçon, et dont on nous dit de prendre garde à des marches très irrégulièrement usées et dangereuses.
J' espère donc pouvoir vous dire " à demain " !