Par moment, la Gironde devient fofolle. Elle est atteinte de mégalomanie. Je crois qu' elle doit cela à la Garonne qui a chanté sur tous les tons, que, si elle avait voulu............elle aurait fait le tour de la Terre.
Alors, l' estuaire s' est dilaté comme la grenouille de la fable, et, ici, atteint une largeur de onze kilomètres.
Moi qui ai vogué sur le Mississipi, mais non, pas dans un show-boat, j' évite les casinos même flottants, donc, moi qui........etc...........je peux dire que cette Gironde n' a rien à lui envier. Elle en a même, par endroit, la couleur.
Cette immensité liquide semble même avoir effacé toute limite.
Elle va jusqu' à capturer des fragments de lumière pour chatoyer avec coquetterie.
Une côte plate, hérissée de carrelets, remplace les falaises.
L' estuaire nous réserve aussi quelques surprises. De curieuses lignes sombres se profilent au ras de l' eau. Nous nous approchons et observons des sortes de bancs brunâtres, bas et allongés.
Le capitaine, qui, en bon capitaine sait tout, nous renseigne : ce sont des bancs d' huitres sauvages. Hélas, ils ne sont plus exploités.
Nous approchons du point ultime de notre mini-croisière. Une vieille connaissance se dresse sur son rocher : Sainte Radegonde de Talmont. ( En allant fouiller vers deux mille onze ou deux mille douze, vous la retrouverez, campée à côté de son cimetière où fleurissent les roses trémières).
Vue de la terre, je manquais de recul, mais vue du fleuve, c' est beaucoup plus facile de l' appréhender dans sa splendide totalité.
Sous quelque angle que ce soit, elle est magnifique.
Je vois aussi beaucoup mieux les ruines de la Tour Blanche.
C' est en face du petit port de Talmont que nous allons faire demi-tour.
La marée est basse, et, dans le chenal, les bateaux sont échoués.
Nous virons de bord; cap sur Le Verdon et la côte girondine. Mais l' estuaire n' a pas dit son dernier mot et réserve encore quelques surprises.
A bientôt !