Le double sillage qui poursuit le bateau, n' arrive même plus à joindre la côte charentaise. Nous nous en éloignons irrémédiablement.
Sur ce chemin liquide, nous surfons à vitesse croissante. Le capitaine, qui, décidément n' est pas à cours d' histoires, nous parle des maigres, ces poissons qui peuvent atteindre deux mètres et cent kilos, tel celui qu' avait pêché un homme de Meschers sur Gironde.
Son nom vient de sa chair blanche qui le fait paraitre maigre. On le surnomme aussi " poisson grognon " à cause des grondements qu' il émet en période de frai, grâce à des mouvements musculaires amplifiés par une sorte de résonnance sur sa vessie natatoire.
A ce propos, nous apprenons que le maigre ne peut frayer que dans trois endroits au monde : le delta du Nil, en mer de Marmara, et, dans l' estuaire de la Gironde.
C'est un poisson semi-pélagique carnivore.
Nous longeons maintenant la côte aquitaine, et laissons derrière nous, un des deux énormes engins qui permettent de draguer régulièrement, le chenal qui conduit vers Bordeaux, gros cargos et, encore plus gros navires de croisières.
Vus de plus prés, ces engins sont assez impressionnants.
Mais, plus impressionnants encore, sont les vestiges de l' ancien port pétrolier.
En passant au plus prés des piliers, on s' aperçoit qu' ils sont recouverts de multiples coquillages qui sont venus s' incruster pour les habiller.
Ce port était gigantesque; l' épaisseur du béton est incroyable.
Puis, nous croisons un étrange voilier. Il a vraiment une drôle d' allure. Tout naturellement, nous nous tournons vers le capitaine, et, il nous explique que ce voilier avait coulé, et, qu' il était resté environ six mois au fond de l' estuaire avant d' être renfloué il y a quelques semaines.
Nous approchons du port. La balade tire sur sa fin. Dommage !
C' est alors que le capitaine, qui n' a jamais été muet bien longtemps, merci à lui, attire notre attention vers un trimaran, posé sur l' eau comme un énorme insecte aquatique.
C' est le trimaran " Région Aquitaine-Port Médoc " du skipper Lalou Roucayrol, enfant du pays, qui avait conquis une deuxième place lors de la Route du Rhum, je ne sais plus en quelle année. Pardon Capitaine !
Et voilà, nous sommes presque à notre mouillage. Un coup d' oeil à ce joli rafiot, certes pas taillé pour la course, mais qui doit aussi permettre d' agréables balades à son propriétaire au look de vieux loup de mer.
De retour à terre, la chaleur triomphe à nouveau, la brise océanique ne la tempérant plus. 39°5...le ciel a la fièvre, et la nuit prochaine ou demain, nous aurons de l' orage.
J' espère vous retrouver tous bientôt pour une nouvelle balade.