Un jour, c' était encore la chaleur étincelante de l' été qui ne voulait pas mourir. Je m' y prélassais avec la délectation de l' amoureuse du soleil.
Je rêvais, avec toute l' aberration dont je suis capable, que l' été durerait toujours, comme dans ces pays où j' ai vécu, et où il flamboyait du premier janvier au trente et un décembre.
Ayant retrouvé ma jambe, je filais à la plage et savourais l' air chaud.
Le lendemain matin, il était là, l' automne dévoreur de chaleur. D' un coup, il avala huit degrés, et, sans qu' on s' en douta, pendant la nuit, il avait repeint le monde en vert et roux.
La lumière était devenue fauve, et, par endroit si sulfureuse, que je réalisais soudain que nous sortions de la nuit des sorcières.
Le jardin, tout à coup, s' était paré d' étrangeté. Plus tout à fait le même, plus tout à fait un autre.
Des fleurs résistaient vaillamment, pour nous réconforter et nous disant : " Allons, nous reviendrons ".
Pourtant, on voyait quelques larmes sur le bras décharné d' un rosier.
Et, je ne sais pas comment, ces mots de Khalil Gibran me revinrent en mémoire :
" En Automne, je récoltai toutes mes peines et les enterrai dans mon jardin. Lorsque Avril refleurit et que la terre et le Printemps célébrèrent leurs noces, mon jardin fut jonché de fleurs splendides et exceptionnelles ".