Il y a quelques jours, un article a attiré mon attention dans le journal régional. Il concernait une belle demeure de style classique, datant du XVIIIème siècle, et son parc, maintenant ouvert au public, sous le nom de " Parc de la Chêneraie ".
Cette belle demeure, en cours de restauration, est le " Castel d' Andorte ".
Il a une histoire un peu folle, et c' est le cas de le dire, car, en mille huit cent quarante cinq, un certain Desmaison, peintre sans succès, décida, sous influence d' un ami médecin, de se recycler dans la médecine que, depuis Johann Christian Reil en mille huit cent huit, on appelait psychiatrie.
Desmaison était le neveu d' un autre médecin bien connu : le Docteur Guillotin. Son regard ne me dit rien qui vaille !!!
Le Docteur Desmaison travailla d' abord avec son ami, puis, décida de créer son propre asile et d' utiliser son castel pour offrir une meilleure vie aux malades mentaux. Nous étions en mille huit cent quarante neuf et l' aventure allait durer jusqu' au trente octobre mille neuf cent soixante huit.
Le Docteur Lalanne succéda au Docteur Desmaison, puis, se fut le tour du Docteur Pierre Charon. Et c' est avec lui que je viens me greffer à cette histoire.
A la fin de mon cursus normal de médecine, je décidais de faire la spécialité de psychiatrie. Pas tellement pour devenir psychiatre, (d' ailleurs je ne le suis pas devenue, ayant préféré la plage à l' examen final), mais par curiosité et parce que j' étais persuadée que cela me serait utile dans l' exercice de la Médecine. De même avais-je jumelé ma 3ème année avec une année de psychologie à la fac de Lettres.
J' ai eu la chance d' avoir pour maître le Professeur Blanc, à la fois docteur en Médecine et en Philosophie, qui était fascinant, et qui me faisait l' honneur de m' associer à ses consultations. On discutait beaucoup, et il m' a beaucoup apporté. Il m' incita à abandonner mon internat en Médecine pour faire celui de Psychiatrie. C' est ainsi que je me retrouvais au Castel d' Andorte pour ma première (ou deuxième) année d' internat.
Cette clinique avait une excellente réputation. Le Docteur Charon, vieux monsieur charmant, et son épouse m' accueillirent avec gentillesse, et j' appris là beaucoup de choses. j' en fus un(e) des dernier(e)s internes.
Il me semble me rappeler que je logeais dans ce bâtiment,
A l' écart du château où se trouvaient les appartements du Docteur Charon, et les locaux administratifs au rez-de-chaussée.Mais je n' en suis plus sûre à cent pour cent.
Il y avait un parc dont je ne profitais pas. Il fallait que je sois joignable en permanence, et comme les téléphones portables n' avaient pas encore été inventés, j' étais condamnée à rester dans ma chambre, mais j' en admirais les premières frondaisons.
Je vivais dans des lieux historiques.
Au Moyen-Âge, le domaine était sous l' autorité du roi d' Angleterre. Il comportait des champs, des forêts, des fermes et un château.
Un grand monastère de Bordeaux : Saint Seurin en fut plusieurs fois le propriétaire. Le domaine était situé sur la via Solaco, ( actuellement avenue d' Eysines ), qui faisait suite à la route de Soulac par laquelle passaient les pélerins de Compostelle allant de Soulac à Bordeaux.
Puis, arriva le XVIIIème siècle qui vit la construction du château actuel, et enfin, au XIXème, sa transformation en asile pour riches malades mentaux. Sa réputation était telle que des malades venaient même de l' étranger.
Dans ce parc est née une ancienne légende. Je la raconterai bientôt.