Turenne, cette ville cascadante, dévale du haut d' un piton rocheux sur lequel, encore orgueilleuses, s' élèvent les ruines d' un château qui devait être inexpugnable.
En fait, il s' agissait d' une véritable forteresse, dominant la vallée de la Tourmente, et, d' où l' on pouvait surveiller un vaste territoire s' étendant jusqu' aux Monts d' Auvergne, que l' on aperçoit par beau temps.
La vicomté de Turenne était un petit état féodal, né aux temps carolingiens, et dirigé par la famille de Comborn-Turenne, puis plus tard, par celle des La Tour d' Auvergne.
Agrandie au XIIème siècle, jusqu' à compter plus de sept villes et une centaine de paroisses, elle suscitait la jalousie et la convoitise de ses voisins, car, elle bénéficiait des privilèges dus aux rois d' Angleterre, puis, aux rois de France.
Malgré les apparences, le château n' était pas assez vaste pour loger tout le personnel du vicomte, on l' installa donc dans la ville haute, qui s' entoura alors d' une muraille médiévale dont il reste une porte.
Aux XIIème et XIVème siècles, l' Aquitaine est l' enjeu et le champ de bataille des rois de France et d' Angleterre. Elle est ravagée par ces guerres auxquelles s' ajoutent la peste et la famine. Mais, protégée par le pape dont le propriétaire d' alors était un neveu, la vicomté échappa au désastre.
Le donjon carrée, appelé Tour du Trésor, en atteste la prospérité.
Le plus illustre des vicomtes de Turenne, fut, sans conteste, Henri de La Tour d' Auvergne.
Il guerroya avec panache, sous Louis XIII et Louis XIV, avant d' avoir la tête emportée par un boulet à la bataille de Sasbach, en mille six cent soixante quinze, alors qu' il remportait la victoire.
Promu maréchal sous Louis XIII à trente trois ans, il fut déclaré plus grand chef de guerre du XVIIème siècle, par Napoléon 1er, qui fit transférer sa dépouille aux Invalides en mille huit cents.
Puis, Turenne fut vendue à Louis XV, pour rembourser les dettes de jeux du dernier des vicomtes de la famille La Tour d' Auvergne.
C' est ainsi que prend fin, tristement, la quasi-indépendance du dernier fief français.
Louis XV ordonna le démantèlement de la forteresse, et les Viscomtins, devenus sujets du roi de France, connurent, dès lors, les joies des impôts.
A suivre !