Quelquefois, l' hiver, je reviens sur la plage de ma jeunesse, et, j' y réveille des fantômes.
Je l' admire depuis la corniche de Péreire, et, tout à coup, les couleurs s' effacent, et revient la plage en noir et blanc de mon premier appareil photos.
C' était le temps heureux où nous avions la villa. ( Hélas, un jour est arrivé M. Mitterrand avec ses folies fiscales, mon père est mort, les requins sont venus, et nous l' avons vendue).
Ma soeur prenait des poses de star sur la barrière,
Et mon frère s' y abritait pour arroser avec son pistolet à eau, les malheureux qui passaient devant en décapotable décapotée. ( Cela a valu quelques histoires à mes parents, et quelques fessées à mon frère, car, en ce temps-là, les parents n' étaient pas menacés de la Correctionnelle !).
Il s' y exerçait aussi au saut.
A la plage, je faisais des " vilaineries " avec mes copains : arroser les vieilles dames qui venaient sur le bord de l' eau jupes relevées, un peu; faire des pièges pour les marcheurs des sables, ( que l' on nous interdisait, les parents craignant celui qui allait s' y casser la jambe ), etc ...... Il n' y avait pratiquement pas de limite à notre inventivité.
Les grands jouaient au volley, ( avant qu' on ne le redécouvre sous le nom de beach volley ).
Plus tard, nous avons eu le droit d' y jouer avec eux. Mauvais signe ! Nous avions grandi.
C' était très sérieux le volley. On faisait des tournois avec d' autres plages, ainsi là, à Mimizan.
Je ne sais plus qui avait gagné, mais, l' équipe Péreire était assez redoutable, et c' était mon père, capitaine de l' équipe, qui recevait les coupes.
La plupart des joueurs, dont mon père, jouaient en club l' hiver. Presque des pros. Je me souviens que Coca Cola, organisait une coupe tous les ans.
Nous, pendant ce temps, quand on en avait assez de faire des bêtises, on avait le portique.
Et puis, septembre arrivait. Les copains rentraient à Paris ou à Bordeaux. Moi, je restais encore, orphelines d' eux, environ trois semaines. La rentrée en ce temps-là, était le premier octobre.
Dans la semaine, la plage était quasiment vide.
Comme elle était vide en ce jour d' hiver où je suis allée réveiller les fantômes. Peut-être celui de cet ami des temps anciens, mort en août dernier, était venu errer là, en même temps que moi.
Adieu l' Ami, puisse-tu te promener sur les rivages du ciel.