You grandissait, et, dans ses yeux, une inquiétante lueur grandissait aussi. Le phoque-chaman avait fini par l' identifier : c' était une irrésistible envie d' ailleurs.
You changeait. Sa mère se rappelait avec nostalgie, ce temps heureux où son enfant venait s' étendre à côté d' elle sur le sol glacé.
Maintenant, il devenait de plus en plus solitaire, et passait ses journées à nager, nager, dans cette eau grise et froide.
Manifestement, il s' entraînait; mais, pourquoi ?
Et puis, en un de ces jours d' été où la mer avait creusé son passage à travers la banquise, You s' avança vers l' eau, se retourna et, regarda ses parents.
Alors, ceux-ci, le coeur soudain étreint d' angoisse et de peur, comprirent que You s' en allait.
celui-ci entra dans l' eau, nagea quelques mètres, et se retourna pour un geste d' ultime adieu.
Figés et muets, ses parents le regardèrent partir. Ils savaient qu' un jour, les enfants devaient quitter le foyer familial, et que, quelle que soit la grosseur de la boule qui obstruait la gorge, il ne fallait pas les retenir.
Tout à l' excitation de l' aventure qui s' offrait à lui, You nageait dans cet océan de sel et de glace fondue, le regard fixé sur un horizon vide qui semblait sans limite.
Que trouverait' il quand, il n' en avait aucun doute, cependant il l' atteindrait ?
(A suivre).