......... Aux couleurs.
Quand l' Automne arrive, la nature perd la tête. Les parfums capiteux de l' Eté résistent encore au coeur des buissons, exaltent les essences des arbres et des arbustes, et tourneboulent la sève. Alors, enivrée, la nature ne sait plus que faire, et nous offre un méli-mélo de couleurs qui enchantent nos yeux.
L' Eté faisait exploser les couleurs des arbres à fleurs, l' Automne se venge en une débauche de vert persistant,
De jaune qui l' habille d' or,
Et toute une symphonie de roux et de rouge, vibrant de vie sous le ciel encore peint d' azur estival.
Il n' y a pas un souffle de vent, et les feuilles s' étalent avec complaisance, sûres de leur éclatante beauté.
Les liquidambars sont les rois de cette intense rutilance; peut-être ont-ils au tréfonds de leurs cellules végétales, le souvenir de leur terre d' origine, quand ils l' éclaboussaient d' écarlate au temps de l' Eté Indien.
Et puis, il y a les autres, les indécis, ceux qui hésitent entre rester verts ou devenir jaunes.
Les coquets, qui s' amusent à faire scintiller leurs couleurs dans le soleil;
Les malins, qui savent qu' en mélangeant leurs couleurs au vert sombre des mimosas, elles n' en paraîtront que plus belles;
Et ceux qui, déjà, commencent à se dépouiller de leur parure rubiconde.
Ainsi est l' Automne dans ce beau Médoc aux espaces infinis. Terre bénie des dieux, et en particulier de ce vieux Bacchus dont les vignes vont bientôt se mettre aussi à rougeoyer.