Un jour, il y a un certain nombre de lunes, ma soeur et moi, accompagnées de Malcolm, un ami sénégalais originaire de Gambie, nous avons embarqué à bord de la navette et mis le cap sur l' île de Gorée, que l' on apercevait à un horizon proche.
Située dans la baie de Dakar, cette petite île dont le nom vient du néerlandais " Goede Reede " qui signifie " bonne rade ", est une sorte de symbole mémoriel de la traite négrière.
La balise rouge, signe que nous approchons de l' île, se balance doucement au gré d' une houle légère.
Quelques minutes plus tard, nous débarquons.
Commence alors une balade colorée dans les petites rues tranquilles du village.
A ce moment-là, il était assez délabré et mal entretenu, mais le charme était là, dans ces ruelles, et sur une petite place où un " maître d' école " donnait ses leçons à une troupe d' enfants, assis en cercle sous des arbres tutélaires.
Une autre place était lieu de rencontres, sources de ces palabres si emblématiques de la vie africaine. Du moins en ce temps-là, où nous parcourions l' Afrique en tous sens, librement et en sécurité.
Mais, comme je l' ai dit plus haut, Gorée est un symbole. A vrai dire, la traite y fut peu importante. Au Sénégal, les futurs esclaves étaient réunis à Saint Louis, l' ancienne capitale, plus au nord. Cette ville était le point de convergence de la traite arabo-musulmane et européenne. Les Maures, m' a-t-on dit, inspiraient aux Sénégalais une véritable terreur, à cause des razzias qu' ils ont effectuées jusqu' au début du XXème siècle, en traversant le fleuve Sénégal, frontière naturelle avec la Mauritanie.
Si les Maures razziaient eux-mêmes leurs esclaves, les Arabo-Musulmans et les Européens se " fournissaient " auprès des rois Ouolofs du Cayor, et des rois Toucouleurs du haut Sénégal. Ceux-ci capturaient les vaincus d' un clan ennemi, les " stockaient " dans des villages négriers leur appartenant, et les vendaient contre de la pacotille.
D' après l' historien américain Philip Custin, le passage des esclaves par Gorée fut très minoritaire; entre neuf cents et mille cinq cents personnes. La traite négrière perdura quand même trois siècles le long des côtes d' Afrique de l' Ouest. mais l' esclavage ne s' est pas arrêté pour autant et il perdure dans de nombreux pays arabes. Notre propriétaire à Casa, avait une petite esclave d' une douzaine d' années, qu' il allait acheter dans le sud, bien que ce fut officiellement interdit au Maroc.
Il y a à Gorée, une maison des Esclaves qui est surtout symbolique. Un poète y a inscrit quelques lignes;
J' ai vu, sur Wikipédia, qu' il y avait maintenant un monument commémoratif qui n' existait pas lors de notre visite.
Notre balade à Gorée fut entrecoupée d' une escale déjeuner à l' Auberge du Chevalier de Boufflers.
Celui-ci mérite qu' on lui consacre un petit chapître, et qu' on raconte son histoire, ce que je ferai bientôt.