Eole, maître des vents, avait décidé en ce mois de mars, d' aérer un peu ses subordonnés.Ceux-ci étaient en effet enfermés, qui dans une caverne de l' île d' Eolia, qui dans des outres. Eole ne les libérait que sur ordre de Zeus. Enfin, en principe, car parfois il n' en faisait qu' à sa tête déchaînant des désastres, des tempêtes, et même, réveillant parfois le vieux Typhon.
Mais, ce mois-ci, c' était permis. Alors, il libéra Borée, le vent du nord, et son acolyte Sciron, vent du nord-ouest. Celui-ci vadrouillait sur l' océan et, en chassait la pluie vers la terre, pour complaire à Borée qui adorait les averses pour accompagner ses rafales.
Tous les deux s' amusaient bien. Ils repéraient un endroit où le ciel était calme et bleu;
Les Humains ne se méfiaient pas. Ils laissaient le soleil caresser leurs visages, les chiens méditaient dans les pots, en soignant leurs rhumatismes; puis, les ifs se mettaient à se balancer doucement, et de plus en plus fort, mais ils ne s' en apercevaient pas;
Et, tout à coup, le paysage se brouillait à travers les cataractes d' eau que déversait le ciel
Une pauvre fleur de corète qui venait de naître, se demandait si ce n' était pas la fin du monde.
Borée et Sciron s' en donnaient à coeur-joie, une rafale par-ci, des trombes d' eau par-là. Très vite, le rond-point s' inonda reflétant le ciel opaque.
Mais, les deux énergumènes se lassaient vite, un dernier tourbillon et, sans crier gare, le ciel redevenait bleu et serein.
A bientôt, dirent-ils, car nous reviendrons, on s' amuse bien ici.
Allaient-ils se reposer un moment dans une Tour des Vents ? Histoire aussi de satisfaire un peu leur ego ? Car Borée et ses frères, Eunos, le vent d' est, le doux Zéphyr qui transformait le vent d' ouest en brise printanière, et Notos, le vent du sud, ainsi que leurs cousins, Apéliote, le vent du sud-est,Calcias, le vent du nord-est, Lips, son complice du sud-ouest et Sciron du nord-ouest que nous connaissons déjà, étaient représentés dans la Tour des Vents la plus remarquable : celle, octogonale, d' Andronicus de Cyrrhus à Athènes.
Elle est coiffée d' une coupole et ses huit côtés représentent les huit vents. Au centre de la coupole, un triton rotatif pointe de son bâton, la direction exacte où souffle le vent.
On y trouve des agneaux noirs, offerts en sacrifice aux dieux destructeurs, et des agneaux blancs offerts aux dieux favorables.
Mais, voilà que Zeus se fâche. Dieu de la pluie, du tonnerre et des éclairs, il trouve que les protégés d' Eole en prennent un peu trop à leur aise.
Où sont-ils donc partis. Ils laissent trop de temps de répit aux Humains.
Ne les voyant pas, il se fâcha tout rouge, et, empoignant la foudre que ses oncles, les Cyclopes, lui avaient fabriquée, il lança un premier éclair.
Borée et Sciron l' aperçurent de loin. Ils se hâtèrent de revenir faire leur travail, car ils savaient bien que le premier éclair était un avertissement, et ils préféraient en rester là, car Zeus possédait trois éclairs : le premier pour avertir, le deuxième pour punir, quand au troisième..............il valait mieux ne pas le pousser à en faire usage, car il annonçait la fin des temps et la destruction du monde. Mais pour cela, il eut fallu que Zeus entra dans un énorme courroux.
Les deux loustics revinrent en force, balayèrent à nouveau le bleu du ciel, et, tout en échevelant les arbres, écrasèrent de grosses gouttes sur le sol.
Mais nous, les Humains, faisant preuve parfois d' une inespérée et surprenante sagesse, on s' en moque un peu car on sait qu' après la pluie vient le beau temps.