Du temps avait passé. L' évanouissement de la grive avait fait place à un coma dans lequel son esprit s' égarait.
Il lui semblait maintenant planer dans un espace cotonneux, avec les ailes du condor. Le monde défilait lentement, loin, très loin sous elle, et elle se sentait en sécurité dans une sorte de cocon gris au coeur bleu.
Gautama Bouddha, rongé d' inquiétude, essayait d' entrer en contact avec l' esprit de la grive, car il en était sûr désormais, seule la grive pouvait empêcher les deux fous de détruire l' Âme du Monde.
Mais l' esprit de la grive dérivait toujours dans ce monde vide, et, se disait Bouddha désespéré, elle était un oiseau primitif.
Or, le temps pressait ! Tohu et Bohu poursuivaient leur chemin. Mais, fort heureusement, la Folie les accompagnait, et ils riaient, chahutaient et batifolaient le long du chemin.
Et voilà qu' ils décidèrent de faire une pause.
OUF ! se dit Bouddha. Un répit !
(à suivre)