Il est le plus jeune des trois saints de glace, et porte le nom de Pancrace. Il est assez amusant de voir qu' un futur saint,(mais on ne le savait pas à sa naissance), porte le nom d' un sport antique extrêmement violent et même sauvage, car tous les coups étaient permis sauf.........l' arrachage des yeux et les morsures.
Originaire de Phrygie, ancien royaume d' Asie Mineure situé dans la partie ouest de l' Anatolie turque actuelle, le nom de Pancrace, issu du grec ancien, signifie "le tout-puissant".
Le jeune Pancrace perdit très tôt ses parents. Il fut alors confié à son oncle paternel : Denis. La famille de Pancrace possédait une énorme fortune. Très vite, l' oncle et le neveu se rendirent à Rome.
Les temps y étaient alors très troublés. Le tout jeune christianisme venait se confronter aux antiques dieux romains. Ceci entraînait conflits, délations, vengeance, exécutions........Les Chrétiens vivaient cachés et dans la crainte.
Malgré les risques, le jeune Pancrace fut converti par le pape lui-même. Celui-ci est une vieille connaissance; il s' agit de celui que, devenu saint, nous avons rencontré dans l' église du village breton de St Lyphard;(cf : l' église rouge). Une légende de la Brière l' identifie à St Cornaly, il existe d' ailleurs un cantique de cette région qui dit :
Dès qu' un fléau nous menace, Ô Corneille,
Nous accourons vous parler de nos maux,
Du haut des cieux, sur nous, votre coeur veille,
Vous protégez et nous, et nos troupeaux.
Or donc, Corneille convertit Pancrace. Celui-ci était encore un enfant. Peut-être manqua t-il de prudence, cette époque était dangereuse et impitoyable; il fut dénoncé comme chrétien. Il risquait la mort.
On le fit comparaître devant l' empereur Dioclétien. La légende raconte cette entrevue. L' empereur lui dit :
" Jeune enfant, je te conseille de ne pas te laisser mourir de male mort, car, jeune comme tu es, tu peux facilement te laisser induire en erreur, et, puisque ta noblesse est constatée et que tu es le fils d' un de mes plus chers amis, je t' en prie, renonce à cette folie, afin que je te puisse traiter comme mon enfant.".
Mais, Pancrace lui répondit :
" Bien que je sois enfant par le corps, je porte cependant en moi le coeur d' un vieillard, et, grâce à la puissance de mon Seigneur Jésus-Christ, la terreur que tu nous inspires ne nous épouvante pas plus que ce tableau placé devant nous. Quant à tes dieux, que tu m' exhortes à honorer, ce furent des trompeurs, des corrupteurs de leurs belles-soeurs; ils n' ont pas eu même le respect pour leurs père et mère, que si aujourd'hui tu avais des esclaves qui leur ressemblassent, tu les ferais tuer incontinent. Je m' étonne que tu ne rougisses pas d' honorer de tels dieux.".
Alors, arriva ce qui devait arriver quand on a la langue bien pendue : Pancrace fut décapité. Il avait quatorze ans, et, bien sûr, devint un martyr.
Son corps fut recueilli et inhumé par une pieuse matrone nommée Ottavilla.
En six cent quatre, tricentenaire de son martyre, une basilique fut érigée à Rome par le pape saint Symmaque. Ses reliques y furent transportées et vénérées. La basilique, évidemment, s' appelle San Pancrazio.
En France, dès le temps de Grégoire de Tours, on vénéra saint Pancrace.
En mille sept cent quatre vingt dix huit, le Directoire ordonna l' invasion de l' Italie. L' armée française profana les reliques de saint Pancrace. En partie sauvées, celles-ci furent conservées au palais du Latran, et solennellement ramenées à la basilique en mille huit cent quatorze.
Et qu' advint-il du pape Corneille qui l' avait converti ? En deux cent cinquante deux, sur ordre de l' empereur Trébonien Galle, il fut déporté à Centumcellae, la future Civitavecchia. Il y mourut un an plus tard, de façon apparemment naturelle.