Le troisième mousquetaire a pour nom : St Servais. Il n' est pas un personnage ordinaire si l' on en croit la légende qui s' attache à lui.
Il serait un cousin du Christ, descendant de Sainte Anne. Il serait né en Arménie, à Penestria, et aurait été ordonné prêtre à Jérusalem.
La cérémonie, dit-on, fut extraordinaire. Un ange apparut et lui ordonna d' aller exercer son ministère à Tongres, ville de la Gaule Belgique, connue sous le nom de Tungri dans les écrits d' Ammien Marcellin au IVème siècle, et d' Atuatuca dans l' Itinéraire d' Antonin.
Au temps de St Servais, les Tongres étaient un ancien peuple dont l' existence a été attestée par Ptolémée. Ils étaient une tribu importante qui battait sa propre monnaie.
L' histoire, ou plutôt la légende de St Servais, est sans doute la confusion entre plusieurs personnages ayant porté des noms proches tels Servatius ou Aravatius. C' est sous ce dernier nom qu' il devint évêque de Tongres et acquit une réputation de grande sainteté.
C' était le temps où Attila, tout à sa soif de conquêtes, décida d' envahir la Gaule à la tête de sa horde barbare : les Huns.
Ceux-ci épouvantaient les peuples. Tout naturellement, on s' en alla chercher la protection de l' évêque. Une si grande piété ne pouvait que complaire au Seigneur, qui, c' était certain, écouterait ses prières.
Alors, St Servais veilla, jeûna, implora la miséricorde divine. En vain, les Huns approchaient semant dévastation et terreur sur leur passage.
Par inspiration, St Servais comprit que D. n' interviendrait pas pour sauver ces Gaulois, coupables de beaucoup trop de fautes.
Alors, jouant le tout pour le tout, il partit pour Rome. Là, il se rendit au tombeau de St Pierre et sollicita le concours de sa bienveillance. Il se consumma dans une grande abstinence, jeûna plusieurs jours de suite sans manger ni boire, récitant ses prières sans aucune pause.
A la fin, St Pierre qui n' était pas rancunier mais un peu irrité quand même d' être ainsi harcelé jusque dans son dernier sommeil, interpella le brave St Servais Aravatius.
" Mais enfin, qu' as-tu à me tourmenter ainsi saint homme ? Ne te fatigue plus. D. a décidé de manière irrévovable que les Huns envahiraient la Gaule et ravageraient le pays. Maintenant, il est temps pour toi de préparer ta sépulture avec diligence. procure-toi un linceul blanc car tu vas bientôt quitter ton enveloppe corporelle, ainsi tu ne verras point les terribles maux dont les Huns vont accabler la Gaule. Ainsi l' a décidé le Seigneur notre D. "
Il en avait de bonnes D. ! Quelle façon radicale de le soustraire aux méfaits et exactions des Huns ! Je ne crois pas que j' aurais apprécié ! mais, bon, je ne suis pas sainte !
Mais St Servais, lui, était soumis à la volonté de D. Il repartit donc dare -dare dans sa bonne ville de Tongres, ce qui a du lui prendre quand même un certain temps. Sitôt arrivé, il s' occupa de sa sépulture, puis, fit sa tournée d' adieu auprès de ses copains ecclésiastiques.
Au milieu de force pleurs, gémissements et lamentations, il leur annonça, en larmes lui aussi, que sa fin était prochaine.
On le suppliait : " Ne nous abandonnez pas saint père, ne nous oubliez pas bon pasteur ". Mais c' est D. qui avait décidé, alors, il les bénit tous et s' en alla vers Maastricht où son destin devait s' accomplir.
En effet, il y contracta une légère, mais suffisante, fièvre, à laquelle il abandonna son corps. Il mourut.
Il avait quatre vingt quatre ans, ce qui, pour l' époque, n' était pas si mal. On dit même qu' il avait été longtemps épargné par la mort pour avoir prêché la vérité de l' évangile.
Il est le troisième saint de glace, et, en théorie, marque la fin de l' hiver ainsi que le souligne le dicton :
Avant St Servais point d' été, après St Servais, plus de gelée.