Des Mousquetaires, ils avaient le nombre, mais ils n' étaient ni Athos, ni Porthos, ni Aramis.
Ils avaient nom : Mamert, Pancrace et Servais, et ils étaient saints dits de glace.
Alors de quoi se mêlaient-ils en intervenant dans le climat ? Les Saints, doivent-ils se mêler de tout ? La climatologie existait-elle au Moyen Âge ? Et d' ailleurs, St Pancrace n' était qu' un enfant mort à quatorze ans au début du IVème siècle.
Pourtant, même en ces temps de, si contesté et contestable, réchauffement climatique, voilà que, parce que nous sommes le 11 mai, jour de la Saint Mamert, la température a baissé
Mais, qui étaient donc ces trois Saints en réalité ? Des magiciens ? des alchimistes ? Les temps médiévaux étaient bien mystérieux, et des choses surnaturelles se sont passées auxquelles notre temps raisonneur et matérialiste ne comprend plus grand chose.
Voyons un peu, par ordre d' apparition dans le calendrier, qui étaient ces empêcheurs de danser en rond.
D' abord, le très sérieux Saint Mamert.
Il était frère du théologien et poète Claudien Mamert. Comme lui, il se distinguait par son érudition littéraire et sa science théologique.
Ce sont ces qualités qui, peut-être, l' amenèrent à devenir évêque de Vienne,(Isère), en quatre cent cinquante deux.
Mais, et ceci nous prouve que même un saint n' est pas parfait, sa tête enfla un peu, et il devint jaloux de l'archevêque d' Arles, dont il contesta pendant onze ans, la suprématie. Evidemment, ce dernier ne se laissa pas faire, et ce pauvre Mamert dut se soumettre en quatre cent soixante trois.
La Gaule, quelques années plus tard, subit une série de catastrophes naturelles. Les manants, en ces temps "un peu" troublés qui allaient aboutir à la chute de l' Empire Romain à la fin de ce Vème siècle, et qui connurent de grandes invasions, n' avaient, en prime, pas besoin des intempéries.
Ne pouvant rien contre les Vandales, Burgondes, Wisigoths, Francs et autres Alamans, qui, fuyant un certain Attila, traversèrent ou s' installèrent dans ce pays que les Romains n' étaient plus assez forts pour défendre, St Mamert institua dès quatre cent soixante dix, la procession des Rogations pour mettre fin à ces calamités naturelles.
A cette occasion, les paysans défilaient pendant trois jours, en récitant des prières pour protéger leurs cultures; mais, il s' avéra que se ne fut pas très efficace, alors, n' étant pas très patients, ils décidèrent que St Mamert était le premier saint à annoncer le retour du froid.
Entretemps avait surgi Attila, le fléau de Dieu, grand ennemi des Romains.
" Là où Attila passait, l' herbe ne repoussait jamais " disait-on. Je parlerai plus tard de ce personnage qui n' a pas été vu partout en Europe, aussi noir que les Gaulois nous en ont transmis l' image.
Revenons à ce brave St Mamert; il était donc évêque de Vienne en Dauphiné. Cet évêché fut le premier créé en cent soixante. En mille sept cent quatre vingt dix, l' Assemblée Constituante le supprima pour le rattacher partiellement à l' évêché de Grenoble.
St Mamert participa en quatre cent soixante treize, au synode d' Arles, où se jugeait la doctrine de la prédestination prêchée par un gaulois nommé Lucidus. L' Histoire n' a gardé aucune trace de ce Lucidus, mais il est vraisemblable qu' il prêchait la doctrine élaborée par Saint Augustin, selon laquelle Dieu aurait choisi, secrètement et de toute éternité, ceux qui seraient graciés et auraient doit à la vie éternelle. St Augustin était en conflit philosophique avec le moine Pélage qui soutenait que l' Homme pouvait être sauvé par sa seule volonté.
Celui-ci, moine ascète breton, fut jugé hérétique par l' Eglise;
Saint Mamert, on l' a dit, avait reçu une véritable éducation littéraire. Il écrivit lui-même un traité en trois livres : " Sur l' âme ", qui fut imprimé par Pétrus Mosellanus, à Bâle, en mille cinq cent vingt, lui conférant une aura tardive.
Puis, après une vie si riche, Saint Mamert mourut en quatre cent soixante quinze.
Son sarcophage ne fut retrouvé qu' en mille huit cent soixante; il est conservé dans l' ancienne église St Pierre de Vienne, aujourd'hui musée archéologique.