De son vrai nom Hassan Ibn Al Sabbah, il s' était emparé de la forteresse d' Alamut située aux confins nord de la Perse, non loin de la mer Caspienne. Par ruse disent certains, en payant trois mille dinars or disent d' autres.
Il n' en reste de nos jours, que des ruines,
et le titre d' un livre paru pour la première fois en mille neuf cent trente huit, et dont l' auteur, le slovène Vladimir Bartol, résolument opposé à toute dictature, avait choisi le terrorisme et le fanatisme religieux islamique pour combattre les deux dictatures de son temps : le nazisme et le stalinisme.
Mais, revenons à Hassan Ibn Al Sabbah. Surnommé le " Vieux de la montagne ", il a terrorisé le monde européen et moyen-oriental au neuvième siècle.
Bien des souverains européens, tels l' empereur d' Autriche ou le roi de Hongrie, lui payaient un tribut, car Hassan s' était octroyé le droit de vie et de mort sur eux.
Comment était-ce possible ?
Hassan Ibn Al Sabbah avait étudié les différentes religions et, avait compris que toutes étaient mues par un unique ressort : l' illusion.
Il avait fondé une secte et fait enlever des jeunes gens qu' il lançait à travers le monde, avec mission d' aller ôter la vie à ceux qu' il avait condamnés. Ces jeunes hommes, qu' il appelait ses "fedayin", étaient sévèrement endoctrinés.
Le Vieux de la montagne n' hésitait pas à les droguer au haschich, à l' opium et même au vin, afin qu' ils lui soient totalement dévoués.
Son arme secrète était le magnifique et édénique jardin, peuplé de splendides jeunes filles, (elles aussi enlevées), qu' il avait créé au sein de la forteresse. Nul n' avait le droit d' y entrer, mais il l' utilisait faisant croire aux jeunes futurs exécuteurs à qui il le laissait entrevoir, que ce jardin préfigurait le paradis où les attendraient les belles houris éternellement vierges quand ils auraient terminés leur mission en martyr.
Hassan Ibn Al Sabbah fut le premier à prêcher le Djihad, et à constituer une armée de tueurs fanatiques. Il fut aussi le premier à comprendre que jamais il ne parviendrait à défaire les redoutables armées qui ne manqueraient pas de s' opposer à lui, aussi, il inventa l' arme fatale du plus faible par rapport au plus fort: la terreur. Ce qu' aujourd'hui nous appelons une guerre asymétrique.
Ses guerriers étaient redoutés, pouvaient frapper partout; ils assassinaient sans aucun état d' âme, et cette indifférence glaçante ajoutait encore à la peur qu' ils inspiraient.
Quiconque s' y laissait aller était perdu. C' est ainsi que fut détruit le puissant empire turc seldjoukide.
Parmi les rois européens, il en était un qui ne payait pas le tribut à Hassan : Louis IX, roi de France. Le terrible Vieux de la montagne décida de lui envoyer trois messagers chargés de lui inspirer une peur salutaire; ceux-ci se présentèrent à St Louis dans l' ordre suivant : en tête, un émir très richement vêtu qui devait l' impressionner, derrière lui, un assassin portant trois couteaux fichés l' un dans l' autre, et qui symbolisaient l' inévitable mort, car, si le premier échouait, viendrait un second puis, éventuellement, un troisième. Le dernier personnage, enfin, portait un linceul entouré autour de son bras. Il était celui qui devait inspirer une telle terreur que le roi se soumettrait.
Mais, St Louis ne se soumit pas, au contraire. Flanqué des Grands Maîtres des Ordres du Temple et de l' Hôpital, il renvoya les messagers à Hassan en leur disant de s' estimer heureux de n' avoir point été jetés à la mer et noyés. Et............. c' est le Vieux de la montagne qui se soumit et renonça.
Comme quoi.......
Hassan Ibn Al Sabbah mourut à quatre vingt dix ans. Il n' avait pas d' héritier mâle mais, ses successeurs continuèrent pendant des siècles à assassiner et terroriser le monde.
De nos jours, il semble que les bonnes habitudes aient été reprises. Le chef actuel de l' Etat Islamique, Abou Bakr Al Baghdadi, se voit sans doute en nouveau Vieux de la montagne, et envoie ses tueurs dans un monde encore plus vaste avec le même objectif de semer la terreur pour mieux soumettre les peuples.
Peut-être que, dans ses rêves de mégalomane, se voit-il, chevauchant tel son prédécesseur en terrorisme, un héraut devant lui, portant une hache danoise à long manche tout couvert d' argent et hérissé de couteaux, et criant :
" Détournez-vous de devant celui qui porte la mort des rois entre ses mains "