Il était né, petit renardeau fragile mais déjà malin, à l' orée d' une forêt glacée, quelque part dans un pays de neige.
Il y grandit en faisant l' admiration de toute la gent renarde, par sa curiosité et son intelligence.
En grandissant, Goupilet, car tel était son nom, aimait plus que tout se rapprocher de la maison des hommes. Il se tapissait dans la neige, derrière un tas de bois, et dès que les humains avaient quitté leur demeure pour aller travailler dans la forêt, il s' empressait d' y entrer. Ces humains-là étaient particuliers. Ils étaient fort petits et sifflaient joyeusement en allant au labeur.
Comme ils rentraient très tard le soir,
Notre ami Goupilet avait tout le temps pour explorer les trésors de la maison. Il y avait en particulier, un endroit qui l' intriguait, empli de choses bizarres que les nains appelaient : livres. C' étaient de vieux livres dont certains étaient rongés par le temps.
Goupilet voyait bien qu' il y avait des choses écrites dans ces livres, alors, il décida d' apprendre à lire. Il alla voir un vieux renard, renommé pour son savoir et sa sagesse.
Se révélant excellent élève, Goupilet fut bientôt capable de déchiffrer les histoires des vieux livres. L' un d' eux le fascinait spécialement : Il s' agissait d' histoires racontées par un certain Monsieur de La Fontaine.
L' une d' elles lui plaisait particulièrement; il y était question d' un corbeau, très infatué de lui-même et très sensible à la flatterie, et d' un renard qui l' avait bel et bien roulé en le flattant et lui avait piqué son fromage.
Goupilet, qui était déjà rusé pour son âge, riait beaucoup de cette histoire et se disait qu' il pourrait peut-être en tirer profit.
Il se mit à épier un gros corbeau qui vivait non loin de là; mais, celui-ci, vieux briscard, ne tarda pas à repérer le manège, et dit au renardeau : " Si tu crois me faire le coup du fromage, mon pauvre ami, tu tombes mal; c' est une histoire que nos parents racontent de génération en génération, alors......passes ton chemin ".
Mortifié, Goupilet partit en ruminant sa vengeance, " je l' aurai un jour, se dit'il, je l' aurai ! ".
Les jours passèrent. Goupilet surveillait toujours le corbeau, mais, avec une telle discrétion que celui-ci ne se rendit compte de rien.
Puis un jour, le corbeau rentra chez lui un gros fromage dans le bec.Notre renardeau se dit que le jour de gloire était venu.
Il surgit au pied de l' arbre où le corbeau se prélassait sur sa branche en savourant à l' avance ce bon fromage. Il vit Goupilet, le reconnut et s' exclama : " Encore toi ? ". Et....................le fromage tomba pile dans la gueule ouverte de Goupilet.
Celui-ci en rit encore !!!