On vient de recevoir un message de la station spatiale internationale, il est en route, et vient de passer dans la région lunaire.
Il va au grand galop de ses rennes magiques, vite, peut-être un peu trop vite, car, voilà l' Ange préposé à la circulation céleste qui souffle dans sa trompette.
Allons bon ! grommelle le Père Noël en arrêtant son traîneau, il va me coller une contravention; c' est vrai que la vitesse est limitée dans la région lunaire depuis que les humains sont venus s' y balader, mais je suis déjà en retard à cause de la grève de ces maudits lutins. C' est que la route est longue encore jusqu'à la Terre, et j' ai des tas de cheminées à visiter.
Pendant que le Père Noël râlait, l' Ange s' était approché et, d' un ton rogue, lui avait demandé ses papiers.
- Comment mes papiers ! s' est exclamé le Père Noël ulcéré.
- Exécution ! a dit l' Ange.
- Alors ça ! Qui donc circule en traîneau dans cette région à cette époque de l' année ! Vraiment ! D' où sortez-vous d' abord, je ne vous connais pas ?
- Eh bien moi non plus, dit l' Ange, pas aimable. Alors ces papiers ça vient? Vous les avez ou pas ?
Le Père Noël n' en revenait pas de la mesquinerie de l' Ange. " Les voilà vos papiers, et ne me retenez pas davantage, je suis déjà en retard ".
- Ils ne sont pas en règle dit l' Ange. Allez, vous laissez ce traîneau ici, et vous me suivez au poste de contrôle.
Le Père Noël entra alors dans une terrible colère, et il commit la chose la plus insensée qu' il eut jamais faite. Il tira la langue à l' Ange et, fouettant ses rennes, il partit le plus vite que ses fidèles animaux le pouvaient.
Estomaqué, l' Ange le vit partir, furieux. Mais, il eut beau déployer ses ailes, il lui fut impossible de suivre le train d' enfer que menait le Père Noël. Les sabots des rennes faisaient jaillir de nouvelles étoiles.
Celui-ci, tout joyeux tout à coup du bon tour qu' il venait de jouer, ne put s' empêcher d' adresser à l' Ange, un geste d' adieu ironique.
Pendant ce temps, sur la Terre, les humains s' apprêtaient à l' accueillir. Ils illuminaient leurs villes, installaient des crèches....Il flottait dans l' air un parfum d' allégresse.
Découragé, l' Ange abandonna la poursuite, mais il se promettait bien de coincer ce malappris de Père Noël et de lui faire payer son infraction et son insolence.
Mais, je doute qu' il puisse ainsi assouvir sa rancoeur, car D.ieu, qui avait suivi toute la scène, trouvait que l' Ange avait fait trop de zèle en ennuyant ainsi son vieux complice; et c' est d' un oeil attendri qu' il le voyait filer vers la Planète Bleue où l' attendaient tant de petits et de grands enfants.
Alors soyons rassurés, car demain soir, comme chaque année, ne doutons pas que nous le verrons surgir joyeusement pour notre plus grand plaisir.
JOYEUX NOËL A TOUS