Et pendant ce temps, le génie se morfondait encore dans sa lampe. Mais, les choses allaient changer.
Arrivant du Hoggar mystérieux, une caravane importante faisait route vers lui. Alors que les premières étoiles allaient s' allumer, elle arriva et s' arrêta à l' endroit où gisait la lampe merveilleuse, sous une légère couche de sable.
Le génie fut tiré de sa torpeur par moult éclats de voix, rires d' enfants et airs joyeux de tambourin, auxquels se mêlaient les blatèrements moins harmonieux des dromadaires.
Et, ce qui devait arriver arriva : un enfant qui gambadait avec ardeur et tournoyait comme un derviche, tomba...........sur la lampe.
Il l' apporta à sa mère qui entreprit de la nettoyer, et........comme elle la frottait pour lui rendre son éclat.........le génie sortit, encore tout endolori. Son long séjour au fond de la lampe l' avait rendu un peu anémique, mais il avait un éblouissant sourire, tout heureux d' être dehors.
Les braves caravaniers furent d' abord un peu effrayés, mais l' un d' eux, un savant qui était allé étudier dans une medersa de Tombouctou, avait entendu parler d' une lampe merveilleuse que possédait un magicien africain.
Ce savant interrogea le génie qui raconta toute son histoire, avec de l' émotion quand il parla d' Aladdin et de la belle Boudroulboudour, pour qui il avait gardé une tendresse particulière. A vrai dire, confia t-il au savant, il aimerait bien les retrouver, là-bas, dans la lointaine Chine.
Ces caravaniers étaient de braves gens. Attendris par l' histoire de ce génie qui venait de si loin, ils se réunirent en conseil afin de chercher une solution pour aider ce pauvre exilé.
Ils décidèrent que deux ou trois d' entre eux partiraient vers le nord pour rejoindre le grand port du sultan. Ils y trouveraient sûrement un voyageur près de s' embarquer et qui accepterait de transporter la lampe vers les rives d' Asie Mineure.
Ainsi fut fait, et trois hommes partirent. Ils devraient traverser le terrible défilé d' El Kantara, si propice aux embuscades.
Néanmoins, leur voyage se poursuivit sans péripéties majeures, et, un beau matin, ils virent s' étaler devant eux, dégringolant vers la plus grande étendue d' eau bleue qu' ils aient jamais vue de leur vie : la casbah d' Alger, la cité du dey, vassal du sultan de Turquie
Ils étaient arrivés. Aussitôt, ils se mirent en quête d' un voyageur digne de confiance pour transporter la lampe magique. Deux femmes, qui papotaient à proximité d' une koubba, leur indiquèrent un nom et une adresse.
Sans perdre de temps, ils s' y rendirent. C' était un saint homme qui partait en pèlerinage à La Mecque; il accepta de se charger de cette mission.
Le lendemain matin, il embarquerait sur un navire barbaresque qui lui ferait traverser la Méditerranée.
A suivre.......