Je l' ai revu, il y a quelques jours lors d' une balade à Arcachon. C' était un jour lumineux, avec cette lumière particulière à cet endroit, celui des étés de mon enfance.
Quand je l' ai aperçu, quelque chose en moi a fait "boum !". Il était là avec sa voile unique à bandes rouges et blanche : le petit bateau que nous avions martyrisé au cours de notre enfance polissonne de jeunes garnements.
Hé ! Madame ! Que faites-vous ? Il est à nous ce bateau !!!
Mes trois amis et moi avions une douzaine d' années et un génie particulier pour les mauvais coups. En plus, nos parents nous laissaient une liberté quasi totale à condition d' être à l' heure qu' ils avaient déterminée pour le retour à la maison.
Cet été-là, nous avions un bateau; un petit monotype à coque blanche. Au début, tout se passait bien; on avait appris à barrer, on naviguait sagement, et, tout comme nos émules actuels, on essayait de se mêler aux " gros ", ceux qui faisaient les régates, dans une approche un peu mégalomaniaque.
Tout était normal; j' avais bien assommé et fait tomber à l' eau l' un des trois garçons en l' ayant averti trop tard que je virais de bord, mais bon.......ce n' était qu' un épiphénomène !!! Et puis, il n' avait qu'à être un peu plus vif.....( S'il lit ça, il va m' agonir d' injures ! ).
C' est quelque temps après que tout s' est gâché. Plutôt que de continuer à faire des semblants de course avec les dragons, on a trouvé bien plus amusant de démâter le bateau et de monter à six ou sept dessus après l' avoir poussé un peu au large. Et..........nous attendions qu' il coule, ce qui, compte tenu de nos poids additionnés, ne manquait pas d' arriver. Alors, on le traînait au bord de la plage, on le vidait et.......on recommençait.
Le pauvre bateau a fini l' été dans un état tel que l' on nous a juré que c' était le premier et le dernier que nous avions. On se disait qu' une année scolaire c' était long et que d' ici les prochaines grandes vacances l' oubli aurait fait son oeuvre.
Hélas ! les parents ont tenu paroles.
Mais l' autre jour, en voyant ce spinnaker gonflé du vent du large, je me disais que si nous l' avions laissé grandir, notre petit bateau serait peut-être devenu comme ça !!!!