Les perroquets sont beaux, gais, colorés et ils parlent, ce qui les rend fascinants. Mais je préfère le mainate religieux, beaucoup moins chatoyant car, "vêtu" seulement de plumes noires, mais quel parleur subtil, intelligent, observateur et qui imite si bien la voix humaine qu' il arrive souvent que l' on ne puisse faire la différence.
Je me demande si chez les humains, il n' y a pas d' un côté les beaux-parleurs, style perroquet, dents blanches (et carnassières), bien coiffés, bon chic bon genre, débitant avec assurance poncifs et phrases creuses en de grandes envolées lyriques, et les autres, à l' allure sobre, à la parole mesurée et ne s' acharnant, sur le mode austère, à ne dire que les mots intelligents et utiles.
Pourtant, le beau-parleur rassemble un bel auditoire, suspendu à ses lèvres, s' esbaudissant de l' emballage, tout en faisant fi du contenu. Cela me fait penser à Alain Bentolila quand il dit : " la prépondérance du parleur efface toute capacité à se prononcer sur le contenu des choses ".
Je crois cette phrase très juste. Le beau-parleur, si on l' entend, ne dit que des banalités passe-partout pour que chacun croit y trouver ce qu' il cherche; il est ignare, inculte, mais peu importe, il soulève l' auditoire et lui fait croire qu' il est le sauveur de la patrie, alors qu' à ses yeux, celle-ci, ringarde, ne vaut que d' être délayée dans un méli-mélo multiculturaliste qui comblera cette absence de culture française, inexistante puisque il ne l' a jamais vue.
Mais si on l' écoute !!!! On se rend compte que ce bel oiseau, surgi comme sur un claquement de doigts, n' est qu' une marionnette vide. Ses fabricants lui ont appris ce qu' il faut dire et qu' importe s' il dérape, emporté par sa suffisance et son aplomb, et laisse apparaître au grand jour la vacuité de ses propos, son inculture et son ignorance élémentaires. L' essentiel n' est pas là, mais dans sa capacité à faire croire.
Alors, on se rend compte qu' il n' est qu' une occasion, que son beau plumage est un peu terni par les poussières de cinq années passées au gouvernement, et qu' il n' est peut-être que l' avatar d' un monarque usé et matois, qui l'a choisi et formaté pour survivre à travers lui, avec ses amis, dans un recyclage qui fleure bon la naphtaline.
Me vient alors cette phrase inquiétante trouvée dans le " Marchand de Venise " de Shakespeare :
" Le monde reste dupe des ornements. Au tribunal, le plaidoyer le plus retors et corrompu,porté par la grâce d' une belle voix, n' occulte-t-il pas la substance du mal ? ".
Ramon 04/04/2017 21:06
divagations-et-balades 06/04/2017 10:07
aln03----- 02/04/2017 21:12
divagations-et-balades 02/04/2017 23:04
cocomil 02/04/2017 17:11
Simone 02/04/2017 20:12
divagations-et-balades 02/04/2017 18:40