Ali et ses compagnons pensaient passer une bonne nuit dans ce somptueux décor, mais, quelque chose les tracassait. Ils en parlèrent presque toute la nuit, et le matin, une véritable angoisse leur serrait la gorge.
Ils avaient enfin compris ce que signifiait la visite du chef des eunuques. Ils allaient être affectés à la garde du harem, ce qui impliquait une douloureuse opération.
Dès lors, une seule pensée occupait leur esprit : s' enfuir.
Profitant de la semi-liberté dont ils jouissaient encore, Ali se mit à fureter un peu partout. C' est ainsi qu' il fit la connaissance de Démétrios, un jeune esclave grec.
Celui-ci lui confia alors une chose ahurissante : il y avait dans les écuries du Cheikh, un cheval magique qu' un de ses ancêtres avait volé bien des lunes auparavant. Ce cheval, à la belle robe lustrée, était né, dit-on, du sang de la gorgone Méduse quand Persée l' avait décapitée.
C' était un cheval divin, éternel, qui avait la particularité de voler dans les airs. Ali décida qu' il lui fallait ce cheval nommé Pégase.
Entre temps, le chef des eunuques était revenu et avait désigné un des compagnons d' Ali, lui enjoignant de le suivre. Le malheureux, se doutant de ce qui l' attendait, voulut résister. En vain, des janissaires survinrent et l' emmenèrent de force.
Le temps pressait; il devenait urgent de fuir.
Au cours de ses investigations, Ali découvrit, seule dans une chambre, une belle jeune fille dont l' air très triste l' émut.
Il était interdit d' approcher les femmes du harem, mais Ali, se disant qu' il allait fuir bientôt, osa lui demander ce qui la rendait si malheureuse.
" Le Cheikh m' a choisie pour favorite, dit-elle, sans plus pouvoir retenir ses larmes. On m' a enlevée à ma famille et à mon fiancé, là-bas, en Arabie Heureuse. Oh ! Je voudrais tant y retourner ! ".
" Tiens-toi prête demain matin, dès l' aurore. Je viendrai te chercher et je te jure, par Allah, que je te ramènerai chez toi ".
La belle Aïcha, tel était son nom, se reprit à espérer. " Je serai prête " dit-elle.
Il ne restait plus qu' à voler Pégase. Ali n' avait dit mot à qui que se soit de ses intentions. il se coucha avec tout le monde et fit mine de s' endormir très vite. Mais, il se tint éveillé pour ne pas rater l' aurore.
A l' heure dite, il alla chercher la belle Aïcha, et tous deux filèrent vers les écuries que Démétrios avait indiquées à Ali.
Là, vite ils montèrent sur Pégase, qui, docilement, s' éleva dans les airs avec son double fardeau.
Les autres chevaux hennirent, alertant les gardes. Trop tard, les fuyards étaient hors de portée.
Pégase allait-il les amener à bon port ?
A suivre......