Au terme d' un voyage assez facile, Ali arriva dans une petite cité au bord de la mer Rouge.
Il se dit que le plus simple pour trouver un marin, était d' aller dans une de ces tavernes que l' on trouve dans tous les ports du monde connu.
A force d' interrogations, de discussions, il finit par trouver un homme qui faisait le trafic entre l' Arabie heureuse et l' Egypte. Il consentit à lui faire traverser le bras de mer, et à le déposer dans un petit port de pécheurs nommé Barânîs.
La traversée n' était pas sans péril, car, cette mer était infestée de pillards.
Le bateau du marin était un zaroug, petit boutre très rapide et pour cela, favori des pillards de ces contrées.
Ils en rencontrèrent plusieurs, mais au grand étonnement d' Ali, aucun ne les attaqua. Il finit par comprendre que le marin qui l' avait accepté à son bord, était lui-même un pillard. En fait, Ali lui servirait de caution s' ils étaient arraisonnés par la police maritime; le marin dirait qu' il assurait le transport des voyageurs.
Enfin, ils accostèrent à Barânîs. A nouveau, Ali devrait traverser un désert pour rejoindre la ville d' Assouan, sur le Nil. Là, il espérait trouver une felouque pour l' emmener vers la grande mer bleue, qui, loin vers l' occident, baignait les côtes de son pays.
Après une marche harassante, il arriva au bord du fleuve-roi.
Fou de joie, il se jeta à l' eau et s' ébroua dans sa fraîcheur bienfaisante. Mais, de l' autre rive, des femmes lui faisaient des gestes frénétiques en criant. Il ne comprenait pas ce qu' elles voulaient dire, quand, soudain, un frémissement dans l' eau attira son regard.
Epouvanté, il n' eut que le temps de grimper sur la rive, un crocodile avait jeté son dévolu sur lui pour son repas du soir.
Un long moment après, revenu de sa frayeur, Ali se mit en quête d' un batelier. Il en aperçut deux ou trois en train de discuter au bord de l' eau.
Il s'approcha, et les palabres recommencèrent. C' était un long voyage qu' il leur demandait d' entreprendre. Enfin, l' un d' eux, un jeune nubien déluré accepta.
Rendez-vous fut pris pour l' aube suivante.
Y serait-il ?