En partant de Volubilis, on aperçoit, pas très loin, une grosse bourgade blanche : Moulay Idriss. Idriss devait être un grand saint ainsi que l'indique le suffixe Moulay, sinon, serait Sidi Idriss.
En fait, cet Idriss venait du Moyen-Orient. Il y avait contesté le droit des Abassides sur la terre d'Islam, mais battu lors d'une bataille près de La Mecque, en sept cent quatre vingt six, il s'était enfui au Maroc avec son compagnon Rachid.
Bien accueilli par les tribus berbères, il s'installa à Volubilis. A peine né, l' Islam sacrifiait déjà à son sempiternel dada : la conquête du monde. Normal, puisque c'est un ordre d'Allah, et, en Croyant obéissant, Idriss fut celui qui convertit le Maroc.
Au bout de trois ans, son pouvoir consolidé, il jouissait d'une grande popularité. Ceci inquiéta et mécontenta fort le calife Haroun al Rachid. Pris d'une colère que même Shéhérazade ne parvint pas à calmer, celui-ci, depuis Bagdad, envoya son fidèle Souleyman au Maroc avec pour mission d'empoisonner Idriss. Ce qu'il fit, en bon serviteur qu'il était.
L' épouse d'Idriss 1er eut un fils, né quinze mois après la mort d'Idriss. Les mauvaises langues ne crurent pas qu'il était le fils posthume d'Idriss 1er, et insinuèrent même, qu'il était en réalité le fils de Rachid, comme quoi, déjà en ce temps-là, les calomnies allaient bon train !!!
Cet enfant, Idriss II succéda à son père à l'âge de onze ans. C'est Rachid qui assura la régence
Idriss II fonda la petite ville de Moulay Idriss et Fès, qui devint la capitale du Maroc d'alors.
Evidemment, nous avons décidé d'aller voir de plus près. Les contours de la ville se font plus précis à mesure que nous nous approchons. Une lumière dorée teinte les maisons et une grande mosquée exhibe ses toits verts.
En bas, sur la place, il y a un souk où l'on vend des beignets, des brochettes,
Et des objets religieux car, Moulay Idriss est une ville sainte. C'est là qu'Idriss 1er a son tombeau et de nos jours encore, on y vient en pèlerinage.
Tous les ans il y a un moussem, pèlerinage solennel où l'on voit des milliers de pèlerins dresser leurs tentes rayées dans la plaine qui s'étend au pied de la ville.
Et, il y a la fantasia. La première que j'avais vue était au moussem de Sidi Bibi au sud d'Agadir. mais celle de Moulay Idriss est plus connue et plus importante.
La fantasia est un rite militaire. Les cavaliers ont revêtu leurs plus beaux burnous, les chevaux sont superbement harnachés, et les cavaliers brandissent leur mousquet ancien au long canon, la moukhala, dûment chargé.
Ils forment une troupe loin dans la plaine, et, tout à coup, se lancent au galop comme pour une charge, dressés sur leurs étriers en hurlant. Ils galopent de plus en plus vite, et, soudain, alors qu'il semble qu'ils vont renverser tout le monde, ils s'arrêtent net, brandissant les mousquets et tirant tous en même temps.
Alors la troupe se disloque, et chacun va recharger son arme. Puis, ils repartent former la troupe dans la plaine et recommencent.
A Moulay Idriss, certaines tribus berbères immolent un taureau devant le Caïd. Vieux symbole remontant au Minotaure. Le testicule de taureau est le mets le plus recherché des hommes.
Traditionnellement, un moussem dure trois jours.
Nous allons ensuite nous promener dans ces ruelles escarpées et tranquilles.
Dans le bas de la ville, non loin de la place, une gamine se hâte, un plateau plein de kessras, ce délicieux pain rond et plat, qui nous met l'eau à la bouche et nous donne faim. (Tiens ! Il y a longtemps que je n'en ai pas fait, et...où est mon plat à pain ?).
Alors, on va voir ce que l'on peut faire.........