.......D'abimer notre langue !
Elle était l'élégance par excellence. Sous l'Ancien Régime on parlait français dans toutes les cours royales et princières d' Europe. Elle véhiculait la pensée et la culture de la France. Elle était, et, est restée, la langue de Molière.
La diplomatie l'avait accaparée; aujourd'hui, elle partage ce rôle avec l'anglais.
Le français est une langue académique, mais en même temps, une langue vivante. La Pléiade l'a codifiée, mais Rabelais et Molière l'ont popularisée.
Fénelon disait d'elle : " Notre langue n'est qu'un mélange de grec, de latin et de tudesque, avec quelques restes confus de gaulois ".
Il fut homme d'Eglise, théologien et écrivain, et peut-être plus connu comme pédagogue, car il fut le Précepteur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV.
Malheureusement pour lui, il participa à la Querelle du Quiétisme, cette doctrine mystique importée d'Italie qui prônait un abandon total de l'Homme à D. Il s'opposa à Bossuet, pas pour rien "Aigle de Meaux", qui, au nom de l'Eglise officielle, condamna violemment cette doctrine et ses adeptes. Fénelon tomba en disgrâce, et plus encore, après qu'il eut écrit Les Aventures de Télémaque qui fut considéré comme une critique de la politique du roi.
Un siècle et demi plus tard, un autre écrivain, prix Nobel de littérature, et, sans doute un des plus grands écrivains et critiques littéraires de la Troisième République : Anatole France,
Parla lui aussi de la langue française avec un ton et des mots qui venaient, je le suppose, de sa jeunesse qui baignait encore dans le Romantisme.
" La langue française est une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, si touchante, si voluptueuse, si chaste, si noble, si familière, si folle, si sage, qu'on l'aime de toute son âme, et qu'on n'est jamais tenté de lui être infidèle ".
Mais hélas ! Si. Aujourd'hui, on ne peut pas lire un article de journal sans qu'il y ait au moins une faute. Les journalistes de l'audio-visuel, à part quelques-uns qui parlent encore ce que l'on nomme " un langage châtié ", ne font plus attention aux accords masculin/féminin, ou singulier/pluriel, et je ne parle pas de ce que l'on peut entendre de certains artistes, ou simplement dans la rue où ils sont souvent.......singés.
Alors, je le demande : Et si on arrêtait d'abimer notre langue ? Car elle est, non seulement un attribut de notre souveraineté, mais l'expression de notre pensée, de notre philosophie, de notre art de vivre. Et si l'on pense que le Verbe est créateur, quel avenir nous préparons-nous à travers ce massacre !!!