Février est mort avant-hier soir. Ses derniers jours ont été clairs et froids, lumineux mais sous un soleil de glace.
Le monde était bleu en haut et vert en bas. Nous avons la chance ici d'avoir beaucoup de pins et de cèdres, ce qui fait que l'hiver n'est jamais en noir et blanc.
Nous avons aussi des arbres qui se dénudent entièrement, mais ils ont des coquetteries : ils nous dessinent des dentelles sur le ciel.
Qui fait courir le fuseau magique ? Sa Majesté l'hiver bien sûr, et il n'est pas avare.
Les broderies sont plus ou moins fines mais toujours belles. Parfois, une boule de gui vient orner quelques branches, d' une rondeur presque parfaite.
D'autres sont minuscules et multiples; que sont-elles ?
Après les nuages matinaux, juste là pour la photogénie du décor, le grand ciel bleu a retrouvé sa royauté, et le mois de février va disparaître dans un grand éclat bleu-nuit, qu'une lune ronde comme un gros bonbon au miel éclairait.
Et hier matin, Mars s'est présenté dans un ciel de soufre et la douceur retrouvée, comme ça, tout d'un coup, comme si Février avait été chassé à grands coups de pieds.
Les prémices du Printemps sont au rendez-vous. Les mimosas et le citronnier sont sauvés, les palmiers agitent leurs palmes pour saluer la renaissance qui s'annonce.
La vie, qui s'était figée dans le froid de ces derniers jours, une fois de plus a gagné la bataille.