Il parait que nous vivons désormais dans un monde nouveau, et, bien sûr, une certaine catégorie d' êtres humains habitant notre (ex) douce France, par définition n' y comprend rien, n' y est pas adaptée, en bref, n' a plus rien à y faire : les vieux, autrement dit : les retraités.
Devant " fêter " le trente et un de ce mois, le quatrième anniversaire de ma prise de retraite, (hélas ! et pourtant j' avais traîné les pieds....), je sens que je vais encore prendre un coup de bambou sur le crâne.
Pour que le coup soit encore plus dur, j' ai été aidée, il y a trois ou quatre jours, par une émission de télé qui faisait revivre les divertissements des années 70, à travers les émissions de Maritie et Gilbert Carpentier.
Ah ! Le choc ! C' était comme ça l' ancien monde ? Ce mélange de gaîté, de légèreté, d' insouciance, de liberté !!!
Et tout à coup, je me suis sentie partir en arrière, rentrer dans l' écran du téléviseur, humer cet air léger dans les rues quand approchait un Printemps généreux, plein de fleurs, de vert tendre sur les jeunes feuilles des arbres, de chants d' oiseaux qui glorifiaient la renaissance de la nature.
Nos pas, soudain, devenaient plus sautillants, dansants, le sourire redevenait facile et spontané dans les regards et sur les lèvres.
Non, non, je n' embellis rien sous prétexte que c' était aussi le temps de ma jeunesse, mais parce que je compare avec l' air lourd, l' atmosphère triste et grise actuelle, la perte de ce qui n' était même que politesse naturelle.
Quand je rentre dans un lieu public, je dis bonjour comme je l' ai toujours fait, mais quand, allez, sur dix personnes trois me répondent, je me dis que c' est un jour faste.
Et cela me fait penser à ce que disait un certain Nicolas Gomez Davila :
" Le degré de civilisation d' une société se mesure au nombre de gestes usuels de politesse dans la vie quotidienne ".
Adieu la galanterie des hommes, bonjour la porte qui vous revient sur le nez quand ils vous passent devant, en force, (merci les féministes, ces êtres hybrides que je ne saurais vraiment définir).
Salut les " djeuns " (et moins djeuns), qui vous bousculent dans la rue sans même s' en excuser; et même ces vieilles dames roublardes qui, sournoisement, essaient de vous piquer votre place dans la queue aux caisses des super marchés. Il y a encore quelques vieux messieurs qui, gentiment, voyant que vous avez peu de choses, vous cèdent courtoisement leur place. Qu' ils en soient ici remerciés.
Moi, bavarde invétérée, (les colles de la scolarité n' ont pas eu l' efficacité escomptée), je me sens un peu frustrée parfois, avec la langue qui me démange. Alors, si je repère une tête sympathique, je me hasarde et....... ça marche la plupart du temps. Quelques mots échangés, un peu d' humanité partagée.... rien n' est peut-être perdu après tout !
Je me souviens des magasins où j' allais aux Etats Unis : " Bonjour ma chérie, en quoi puis-je vous être utile aujourd'hui ? ", et quand revenue en France, on venait roder autour de moi comme si je préparais un mauvais coup, en me disant d' un ton rogue : " qu'est-ce que vous cherchez ? ", sans rire je me demandais où j' étais ou si j' avais l' air si patibulaire que ça.
Alors voilà, j' ai connu l' autre soir un plaisir sans bornes. Les Carpentier laissaient aux artistes qui venaient dans leurs émissions une liberté totale, et c' était en direct ! Et l' on voyait des bandes de copains, hilares, qui s' amusaient comme des fous. J' ai pris quelques photos, et vous en donne quelques-unes en cadeau pour vous rappeler que l' ancien monde était comme ça.
J' en ai d' autres, ce sera pour une autre fois, car j' ai, peur que ce ne soit trop lourd.
Mais, ce que je crois, c' est que l' ancien monde était bleu !