Tout a commencé hier après-midi. Il faisait un temps radieux, avec dix neuf degrés au meilleur moment de la journée. Et qui peut résister à un bain de soleil ? Pas moi. J' aime le soleil, et je crois qu' il m' aime bien aussi car il ne m' a jamais brûlée mais toujours dorée avec bienveillance.
Un papillon jaune tournoyait comme un fou autour de moi, déjà ivre de soleil et d' air tiède; le ciel était d' un bleu absolu et pur.
et je l' appréciais d' autant plus que la météo promettait pour aujourd'hui qu' il serait gris et larmoyant. Hélas vrai.
A pas mesurés, Victor le Chien est venu me rejoindre et se coucher à mes pieds. Je le regardais avec le coeur serré car il a brusquement beaucoup décliné ces derniers temps, et le moment où nous devrons nous séparer approche inexorablement. Il va avoir quatorze ans, et c' est beaucoup pour un chien. Il était tricolore et à poils durs. Il sont maintenant majoritairement de soie blanche. Juste encore un peu de marron sur la tête et les oreilles.
J' examinais dans ma tête quelle serait ma pensée du dimanche, car j' hésitais entre deux sentences. Là, je suis au pied du mur et il va bien me falloir choisir.
Hier, je n' ai pas pu car très vite, une douce léthargie s' était emparée de moi, et je m' étais littéralement oubliée dans le jardin, alors que j' avais une visite à faire. J' ai eu une heure et demie de retard.
Finalement, pour aujourd'hui j' ai choisi Aristote, mais je mets l' autre en réserve pour une prochaine fois.
Pourquoi la phrase d' Aristote ? Parce que je lui trouve une triste résonnance dans notre société actuelle.
" Tolérance et apathie sont les dernières vertus d' une société mourante ".
J' aime la tolérance parce que j' aime la liberté; mais je ne l' aime plus quand elle est devenue faiblesse et indifférence, et je trouve, malheureusement, qu' aujourd'hui, la confusion est beaucoup trop répandue. Et, pire, cette confusion nous amène à l' apathie, un ressort semble cassé et la France n' est plus ni frondeuse ni joyeuse. Et je ne veux pas parler de ces soi-disant frondeurs qui ne sont que des anarchistes qui mélangent tout.
Où est cette atmosphère de légèreté que l' on sentait dans l' air, dans les chansons ? Où est ce sens de la rectitude qui faisait que l' on savait discriminer le tolérable de l' intolérable, et que l' on n' était pas culpabilisé pour ça ?
On croit que tout tolérer est un signe de progrès alors que l' on y a perdu son âme. Et que devient un corps sans âme ? Un mort-vivant, avant de l' être tout à fait.
Et nous sommes devenus une société mourante qui ne croit même plus en elle-même, parce qu' on lui a enlevé le souffle qui anime, et sa fierté en l' accablant de crimes imaginaires dont elle doit s' excuser.
Que dirait Aristote le Métèque aujourd'hui ?