Téméraire comme pas deux, je m' engage sur ce pont. De part et d'autre, les glycines roses se penchent sur l' eau. A mon avis, elles recherchent ce beau nénuphar dont elles étaient amoureuses, et qui, un jour, a disparu.
Mais, elles ont beau scruter l' étang, en se penchant dangereusement, les larges feuilles restent désespérément vides.
Une belle esseulée cherche du réconfort auprès d' un cytise ami.
Surprise ! Au bout du petit pont, je découvre une gloriette.
Depuis la Renaissance, ces petits temples à l' antique, se sont multipliés dans les parcs des châteaux. C' étaient des lieux propices au repos et à la poésie. Les Romantiques ont du particulièrement les apprécier et je gage que bien des poèmes y sont nés.
Elles se font aussi belvédère pour jouir des beautés de la nature, et je ne m' en prive pas.
Mais me voilà bloquée; impossible d' aller plus loin. Il me faut donc repasser le pont en sens inverse, et poursuivre ma balade sur le sentier qui longe l' étang. Le pont, tout à coup n' a plus l' air d' être le même.
L' étang lui-même parait différent. Vaguement maléfique. Quel génie des eaux habite dans ses profondeurs ?
En me retournant, alertée par je ne sais quel pressentiment, que vois-je ? Le pont s' est noyé ! Mais comment se peut'il ?
Intriguée, je regarde de tous côtés, m' attendant à d' autres surprises. Et soudain, je la vois, blottie sous des glycines mauves, une barque bleue.....
Pas de doute, c' est la barque qui conduit au Pays Bleu. Sans hésiter j' embarque. J' ai connu jadis " le prince du Pays Bleu " dont j' avais raconté l' histoire. Vais-je le retrouver ? Ou bien est'il toujours dans la grotte, dans ce sommeil profond où les fées l' avaient plongé, attendant la jeune fille en bleu qui le réveillerait, guéri des sortilèges de Mélusine ? (*)
(*) cf l' histoire écrite en 2013 dans la rubrique " contes ".