En ce temps-là, la guerre froide avait remplacé la guerre chaude, et le fou sanguinaire disparu dans les ruines fumantes de son bunker, un autre, d'un genre différent, avait pris sa place. On l'appelait le Petit Père des Peuples, et il vivait dans un pays mystérieux dont nul ne pouvait plus sortir.
Alors, des espions partaient, vêtus de manteaux couleur de muraille pour qu'on ne les voit pas. Et moi, déjà en proie à des idées folles, j'aurais bien voulu aller voir là-bas ce qu'il s'y passait. Je m'imaginais, nouvelle Mata Hari, me faufilant subrepticement dans les couloirs du Kremlin, et ramenant, triomphante, en Europe de l' Ouest, des photos inédites.
Et j'étais équipée......J'avais un mini appareil photos, né en mille neuf cent cinquante cinq dans ce qui était l'Allemagne de l'Ouest, et c'était tout ce qu'il fallait pour mes activités secrètes !
Il tenait dans la paume de ma main.....et sa marque : Petie kamera. On ne pouvait mieux tomber. Il possédait une focale fixe de 25mm f9, une vitesse d'obturation unique de 1/50 et une lentille achromatique.
Il pouvait prendre seize photos, avec, évidemment, un film en rouleau. Il possédait même un étui en cuir, comme des grands frères plus huppés.
C'était vraiment un appareil amusant, et il faisait de vraies photos, étonnamment nettes de 90 cm à l'infini.
Je m'étais bien amusée avec aux sports d'hiver, à Barèges, puis, je l'avais abandonné.Mais quand je revois les photos, je me dis que ce n'était vraiment pas si mal, même si elles étaient petites. (14,5 cm sur 14,5).
Bien que l'on ne trouve plus de films pour cet appareil, je suis contente de l'avoir retrouvé.
Au fait, je ne suis jamais allée espionner le Petit Père des Peuples.