Le chien aux pattes roses

          Il était une fois..........

          Il y a très longtemps, loin, là-bas, vers l'est du monde, naquit par une nuit sans lune, un enfant mâle. Il ouvrit des yeux noirs, au regard étrange et perçant, dans la yourte de son père, roi des tribus qui occupaient cette région des steppes de l' Asie Centrale. On a dit plus tard que sa mère était une sorcière.

          Dehors, un vent glacial balayait la steppe, et la neige tombait en abondance. Deux silhouettes avançaient péniblement, et, chose surprenante, s'arrêtaient de temps en temps pour.....se battre.

          Leurs tapis volants avaient été jetés bas par la tempête, alors qu'ils faisaient la course pour qui arriverait le premier auprès du nouveau-né.

          Il y avait le bon génie et le méchant sorcier, et de l'ordre d'arrivée allait dépendre l'avenir du bébé.

         Hélas ! au terme d'une ultime bagarre le sorcier l'emporta, et son ricanement sinistre rebondit de flocons en flocons, glaçant le sang de qui l'entendait.

         Au berceau du nourrisson, il proféra des incantations qui effrayèrent les parents, sauf l'enfant dont le regard pensif s'éclaira soudain d'une joie mauvaise.

         " Tu seras la calamité du monde connu, dit le sorcier, et le simple fait d'entendre ton nom remplira les peuples d'effroi jusqu'à la fin des temps ". Et il s'enfuit.

         Mais le bon génie n'était pas mort, un génie ne meurt jamais, et malgré ses blessures, s' était traîné jusqu'à la yourte. Le mal étant fait, il ne put que donner une espérance de rédemption, mais qui serait longue et dure à obtenir.

         Et l'enfant grandit. Il était diabolique et infernal. Il s'acoquina avec un trio de loustics avec qui il fit les quatre cents coups.

         Puis, très jeune encore, avec un redoutable quatuor de bandits étrangers qui l'initièrent à une vraie délinquance, lui donnant le goût du pouvoir et de la violence.

         Mais sa cruauté naturelle n'y trouvait pas son compte. Elle explosa quand son père mourut et qu'il dut partager les conquêtes paternelles avec son frère Bléda. C'était insupportable. Il voulait tout, alors, hop ! il tua le frère.

         Il se rappela alors la prédiction du sorcier. " Il est temps, se dit-il, que je devienne la calamité du monde ".

         Il créa une armée terrifiante et cruelle, et, à la tête de cette horde sauvage, s'en fut à la conquête du monde.

         Et la prédiction se réalisa; il devint Le Fléau de Dieu, détruisant des empires, ravageant des royaumes, stérilisant des champs entiers....jusqu'à ce qu'il rencontre un peuple de Gaulois réfractaires qui le vainquit dans d'autres champs dits catalauniques. 

         Vexé, il alla se venger ailleurs, et laissa cette insupportable Gaule de côté. Il était vraiment devenu la terreur du monde.

         Et puis......il mourut bêtement d'une hémorragie au cours de sa nuit de noces avec sa deuxième épouse Ikeldo.

         Mais il était si méchant qu'il avait donné pour instruction de garder sa mort secrète afin que le monde soit toujours terrorisé en entendant son nom. Et pour que nul ne trahisse, on égorgea tous les esclaves qui avaient creusé sa tombe. C'était la moindre des prudences.

         Mais voilà, on n'échappe pas à la justice, surtout quand on est mort. Il fut pieds et poings liés jeté aux pieds d'un juge impitoyable. Il faut dire que la liste de ses méfaits était d'une incroyable longueur. La sentence fut terrible..........Pendant mille ans, il fut condamné à vivre une vie de chien.

         " Si je suis pitbull, je vais pouvoir continuer à terroriser le monde " se dit-il, incorrigible.

         Mais le juge était malin, et il dut se plier à sa décision; il devint un fox tricolore à poils durs dont les pattes furent teintes en rose, marque infamante pour lui rappeler cette vie sanglante dont il devait se repentir.

         " Je m'en fiche, murmura t-il, in petto, puisque c'est ça je serai infernal ". Et depuis ce jour d'octobre où je l'ai emmené à la maison, il tient parole.

         Mille ans !!!!! Oh ! la ! la ! Vais-je tenir le coup ???

         Il s'appelle Oscar, mais je comprends maintenant ce regard ironique quand je le surnomme Attila !

         JOYEUX NOËL A TOUS