Je me souviens avoir étudié Paul Eluard au lycée, et je crois bien avoir fait une dissertation sur ces mots que je n'ai jamais oubliés :
" Et par le pouvoir d'un mot je recommence ma vie, je suis né pour te connaître, pour te nommer Liberté ".
Liberté ! Un des plus beaux mots de notre langue, le premier de notre devise, le plus fragile peut-être.
Il y a une sorte de permanence à vouloir nous l'enlever, venant de l'extérieur, mais aussi, et c'est le plus grave, de l'intérieur.
Soit brutalement par une armée d'invasion, soit de manière soft et anesthésiante, comme on épluche une banane, morceau par morceau, sans bruit, pour ne pas que l'on s'en aperçoive.
Et cette méthode, apparemment, marche bien. Le peuple s'endort doucement. La liberté revêt une peau de chagrin qui peu à peu l'étrangle. Puis, un jour, une lumière s'allume, de plus en plus vive, et le peuple, soudain honteux de sa passivité, connaît un réveil tonitruant; et il se souvient de Luc Clapiers, marquis de Vauvenargues.
Admirateur de Plutarque, ami de Voltaire et de Mirabeau, il suivit le conseil de ces derniers et se lança dans l'écriture; sous anonymat, il publia Une introduction à la connaissance de l'esprit humain, suivie de quelques Réflexions et Maximes. Le succès ne fut pas au rendez-vous. Mais, Voltaire insista pour qu'il réécrive son ouvrage et en retouche le style. Cette nouvelle édition, fidèle à sa morale, fut publiée à titre posthume, car la vie de Vauvenargues fut brève, il mourut à trente deux ans.
C'est probablement de cet ouvrage que provient cette maxime qui n'a pas pris une ride depuis le XVIIIème siècle :
" La liberté est incompatible avec la faiblesse "
En effet, la liberté se mérite, mais ne mérite t'elle pas elle-même tous les combats ?