Il y a, à Bègles, dans la banlieue bordelaise, un endroit qui s'appelait d'un nom qui me faisait rire quand j'étais petite : Tartifume.
Il y avait un château, face à la Garonne, dont aujourd'hui il ne reste presque rien, à part cet embarcadère délabré, recouvert à marée haute, vestige des fondations du château et qui fut utilisé pour rouler les barriques.
Ce château fut acheté en mille neuf cent dix huit, par......Louis Blériot. Oui, le même Louis Blériot qui avait, le premier, franchi la Manche en avion, le 29 juillet 1909, à bord de son onzième prototype.
Il venait juste de passer son brevet de pilote ! Le brevet de pilote n° 1 délivré en France. ( Mais son premier vol eut lieu en mille neuf cent sept ! Alors !!!! Il pilotait sans permis !!!!! Waou ! ce serait maintenant ........ mais, qui étaient les examinateurs ??? ).
Dès lors qu'il en devint propriétaire, le château de Tartifume perdit une partie de ses terres consacrées au vin, et ce, au profit de hangars et d'une piste d'aviation. Ainsi naquirent les Ateliers Blériot.
Ceux-ci étaient une extension de son usine de Suresnes. Il y fit construire de beaux hangars à l'allure assez futuriste.
Dans ces ateliers de Suresnes, ce génial touche-à-tout construisit avions, voitures, tracteurs.....Mais ils furent construits avant tout pour produire des avions de combat car la Première Guerre Mondiale avait été déclarée.
Puis arrivèrent les années de menace d'un nouveau conflit. La France élabora un plan de réarmement où l'aviation prit une place de plus en plus importante. A Bègles, de trois cents ouvriers en mille neuf cent trente six, ce nombre bondit à plus de huit cents en mille neuf cent trente huit.
Depuis la fin de la Grande Guerre, un autre pionnier de l'aviation se joignit à lui. Mais, Blériot mourut en mille neuf cent trente six. Peu avant le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, on déménagea les avions vers des sites plus modernes.
Après la guerre, un constructeur de voitures de sport, Georges Irat, s'installa dans les hangars Blériot. Il y mit au point plusieurs prototypes dont.....une voiture électrique..... Mais il partit en mille neuf cent quarante neuf.
A partir de là, plusieurs industriels occupèrent successivement les lieux : fabricant de tracteurs.... de générateurs électriques pour l'armée vers mille neuf cent soixante sept.
Puis, le journal Sud-Ouest y stocka ses rouleaux de papier, puis.....on y gara les bennes à ordures. Grandeur et décadence !!!!
Aujourd'hui, le hangar Blériot est le seul rescapé du site de Tartifume, le château ayant été rasé en mille neuf cent soixante.
Le souvenir même de Blériot a fini par se diluer dans ces lieux perdus.
Quelle ingratitude quand même !!!!