C'est l'anniversaire de la chute du mur de Berlin. A cette occasion, je me souviens du voyage en Hongrie, encore à ce moment-là, derrière le " rideau de fer ", où m'avait entraînée cette manie que j'ai de toujours vouloir me rendre compte par moi-même. Et j'avais embarqué ma soeur dans cette aventure, la seule qui, malgré sa réticence, avait bien voulu m'accompagner. Tous les autres que j'avais sollicités en avaient déduit que j'avais définitivement une case de vide.
J'ai déjà parlé de ce voyage, mais, ce matin en discutant avec ma soeur, (désormais contente de m'avoir écoutée), je me suis souvenue de ce que j'avais considéré alors comme le comble de l'hypocrisie et du cynisme.
Dans ce paradis communiste où l'on vendait des sortes de " vache qui rit " grisâtres, à la portion, des oranges à demi-pourries envoyées par le frère cubain, et des étalages de légumes à l'aspect si engageant, qu'ici, on les aurait déclarés " bons pour les cochons ", il y avait à Budapest, ces magasins aux vitrines gorgées de produits de luxe, qui devaient faire saliver les Hongrois qui passaient devant, mais où l'on ne pouvait payer qu'en monnaie étrangère, marks allemands de préférence, monnaie dont évidemment, les Hongrois étaient fort démunis.
Comble du cynisme, avec même un brin de sadisme !!!!
Et l'hypocrisie, me direz-vous ? D'après une conversation très précautionneuse avec une vendeuse dans un magasin, en faisant semblant de ne pas arriver à choisir entre plusieurs articles pour ne pas éveiller les soupçons, il n'était pas officiellement interdit aux Hongrois de quitter le pays pour voyager, seulement ................ pour obtenir un passeport, il fallait payer l'équivalent de.......un an de salaire....... ce que personne ne pouvait se permettre.
Le fils de cette dame avait réussi à fuir vingt ans auparavant, et s'était installé à l'Ouest. Elle ne l'avait jamais revu depuis, ne réussissant à avoir que de très rares nouvelles. J'espère qu'elle vivait encore quand ce mur sinistre est tombé et qu'elle a pu retrouver son fils.