Elle est bien étrange en ce moment dans cette France que j'ai peine à reconnaître, et pour laquelle je me dis " qu'a t-on fait de toi ? ".
Je me souviens de ces printemps " d'avant ". Il y avait dans les rues comme une légèreté sautillant joyeusement, une sorte de petit bonheur qui courait dans les avenues et les jardins. Avec les robes légères retrouvées, on retrouvait aussi une certaine sensation de liberté.
Puis, peu à peu, une ombre s'est étendue sur le pays, d'abord impalpable, mais qui, aujourd'hui, devient de plus en plus oppressante.
* Et maintenant ? Notre liberté de circuler, (pourtant inscrite dans la constitution), nous a été volée. A cause du virus ? Mais, qu'en est-il de l'immunité collective rendue ainsi impossible ? Les pays qui n'ont pas, ou peu, confiné s'en sortent mieux que nous et ont préservé leur économie.Nous ruinons la nôtre, préparant ainsi des lendemains loin d'être enchanteurs.
* Et maintenant ? Nous sommes donc assignés à résidence, avec, comme dans les prisons, une sortie quotidienne d' une heure, avec autorisation, ausweiss, quand on est de mauvaise humeur.
* Et maintenant ? Les EHPAD sont devenus des mouroirs au sens propre, générateurs d'un malaise interrogatif auquel on a presque peur de répondre.
* Et maintenant ? Notre armée en blanc n'a toujours pas, trois mois après que notre "Chef de guerre " ait eu connaissance de l'arrivée de l'ennemi, les armes nécessaires pour le combattre, par incompétence et négligence de nos gouvernants et leur interdiction criminelle à cette armée l'utilisation d'une arme qui sauve au profit d'une autre qui tue.
Alors, l'ombre devient de plus en plus épaisse.
Dans les rues et les chemins, des êtres sans visage évitent soigneusement ceux qui en ont encore un, leur jetant des regards suspicieux et souvent peu amènes.
En France, la joie s'éteint, le silence s'étend, seulement troublé parfois par l'aboiement d'un chien ou le hennissement d'un cheval que personne ne monte plus.