Oui, expliquez-moi pourquoi on enlève aux médecins le droit de prescrire du Plaquénil (hydroxychloroquine), ce qui est déjà scandaleux en soi, sous prétexte que ce produit n'a pas l'AMM dans l'indication du coronavirus, et pourquoi on peut prescrire du Rivotril, un anti-épileptique, selon le décret du 28/03/2020 :
Par dérogation à l’article L. 5121-12-1 du code de la santé publique, la spécialité pharmaceutique Rivotril® sous forme injectable peut faire l’objet d’une dispensation, jusqu’au 15 avril 2020, par les pharmacies d’officine en vue de la prise en charge des patients atteints ou susceptibles d’être atteints par le virus SARS-CoV-2 dont l’état clinique le justifie sur présentation d’une ordonnance médicale portant la mention “Prescription Hors AMM dans le cadre du covid-19”.
Pour être brève : un médicament qui donne des résultats très prometteurs dans le traitement du Covid-19 est interdit car " hors AMM " pour cette indication, alors qu'un médicament qui peut tuer car induisant une dépression respiratoire, (contre laquelle on lutte dans les cas graves d'infection au Covid-19), ou ayant des risques d'arrêt cardiaque, et ce, principalement chez les personnes âgées, (voir le Vidal : effets indésirables), peut, lui, être prescrit hors AMM dans cette indication ? Expliquez-moi avant que je ne me fasse des idées.
Expliquez-moi aussi comment l'épidémie ralentit en Allemagne alors qu'elle flambe en France :
* plus de 6500 morts
* plus de 1400 décès dans les EHPAD
Et là se greffe une question supplémentaire qui m'interpelle :
* Comment peut-on laisser à l'abandon les personnes âgées qui, pour leur malheur, résident dans les EHPAD
Il fut un temps, et ceux de ma génération l'ont connu, où l'on respectait les vieillards, et quand l'heure pour eux était venue, les enfants les prenaient avec eux, il n'était pas question de les mettre en maison spécialisée, la meilleure soit-elle, où, isolés du monde, ils déclinaient rapidement.
(J'ai été médecin dans deux de ces maisons, j'ai côtoyé la détresse puis le déclin de ces hommes et de ces femmes, coupés de leurs repères, de leurs souvenirs, et trop souvent abandonnés. Combien de pleurs ai-je du consoler avec de pauvres mots, qui ne ramenaient pas les enfants oublieux, habitant parfois à moins de cinq kilomètres).
Le monde change, et la personne âgée n'est plus ce grand-père et cette grand-mère, qui avaient connu une époque à laquelle on n'avait accès qu'à travers eux. Ils avaient l'aura de qui a traversé la vie en accumulant les expériences dont ils nous faisaient profiter, de qui a connu un passé qui nous était inaccessible, et qui nous le léguaient afin que l'on puisse construire notre avenir.
Dans toutes les civilisations, ils étaient les Sages, respectés et souvent vénérés. Ils le sont encore en Afrique, chez les Amérindiens. Dans ces civilisations, on pleure davantage le vieillard qui meurt que le nouveau-né dont on pense qu'il n'a pas conscience de sa mort et qui n'a encore rien accompli.
Chez nous c'est l'inverse. On pleure le nouveau-né qui aurait pu avoir une vie merveilleuse, et du vieillard qui meurt, on pense qu'il a assez vécu. De toute façon, il ne rapporte rien et coûte cher à la Sécu, et à qui, entre parenthèses, il a cotisé toute sa vie professionnelle, pour que, justement, on prenne soin de lui le moment venu.
ALors, on n'honore plus, on ne respecte plus, on vit détaché du passé, en zombie du présent, et l'on marche vers un avenir gris, parmi des Humains gris, dans l'univers d'Êtres interchangeables de la mondialisation peut-être pas si heureuse que ça. On a juste oublié :
Qu'un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle