Ce matin, en écoutant la radio dans ma voiture, j'ai entendu des choses fort réjouissantes sur notre avenir immédiat et lointain.
D'abord, tout le monde le sait, le monde d'après ne sera pas comme le monde d'avant. et d'après ce qui se disait à la radio, nous ne serons pas loin du paradis sur Terre.
En effet :
* Nous allons retrouver le respect de la nature, laisser nos voitures au garage et prendre les vélos. Ils ne polluent pas et sont bons pour la santé. Les octo et nonagénaires y trouveront une seconde jeunesse.
* Tout le monde va être beau et gentil, car finis les égoïsmes, nous allons retrouver le sens de la solidarité, de l'entraide............. Nous étions donc devenu si moches !
* La convivialité va régner....etc....
D'accord, mais......
* J'ai fait hier matin, vingt cinq minutes de queue devant la poste du village. Au moins deux mètres entre chaque ......patient. Tous masqués, sauf une gauloise réfractaire vers qui des regards courroucés ont convergé. La gauloise, c'était moi. Et j'étais une vilaine récidiviste car deux jours auparavant, au même bureau de poste, la cerbère femelle qui en gardait l'entrée, avait poussé un cri horrifié en tendant vers moi ses mains en forme de repoussoir. C'était " vade retro Satanas ". Et comme je n'avais pu m'empêcher de rire, elle avait vociféré : " elle rit alors que nous allons tous mourir "; ça c'est sûr, un jour.......Pffuitt !!!!
* Je me suis faite éjectée d'un magasin, parce que, à la caisse, la personne qui était devant moi s'est retournée furibarde en me disant méchamment : " Vous n'êtes pas à un mètre, reculez ". Effectivement, je n'étais qu'à quatre vingt dix centimètres environ. Honte sur moi, mes yeux avaient mal mesuré; mais j'ai une excuse......je suis myope. Mais comme je ne peux pas m'empêcher de dire des sottises, je lui ai demandé si elle avait bien signalé la barrière pour que le virus ne franchisse pas la ligne fatidique, parce que le nuage de Tchernobyl........ Et puis, en plus, je n'ai pas de masque !!!!
Bref, pour l'instant, (du moins je l'espère), je vois une société de gens sans visage, des regards qui se détournent ou bien vous toisent avec, même, une sorte de haine voyant en l'autre le tueur potentiel, des gens exaspérés par des queues insensées comme aux beaux jours des années quarante, par les filtres à l'entrée de certains magasins où l'on ne peut rentrer qu'à la sortie de qui vous a précédé. Sans compter ceux qui sont claquemurés derrière une porte qui ne fait que s'entrebailler pour vous donner ce que vous êtes venu chercher.
Enfin, en attendant l'idyllique convivialité etc... de l'âge d'or promis, c'est plutôt l'agressivité qui se fait jour. Il ne m'étonne pas que les ventes de Prozac soient en plein boum.
Ce n'est que le monde d'après basé sur la peur savamment distillée par un gouvernement qui peut ainsi transformer des Gaulois ex-réfractaires, en moutons bien obéissants. Merci à lui et merci au chef.
J'aimerais bien qu'on nous rende le monde d'avant, quand les gens se parlaient, se souriaient, quand on ne faisait pas la queue, quand on pouvait aller à la plage quand l'envie nous en prenait.........mais pour ça, peut-être faudrait-il le retour de la fée Clochette pour nous sortir de la Nef des Fous.