Il était né en mille huit cent quatre vingt treize, et jusqu'en deux mille cinq il a fait rêver des millions d'enfants bordelais.....et j'en ai fait partie.
Il y a à Bordeaux, un magnifique jardin public, j'en ai déjà parlé. Il présente plusieurs visages : prairie fleurie où l'on fait du farniente au soleil pour les uns,
Palmeraie exotique pour les autres,
Pour moi, c'était l'étang, et surtout le Petit Mousse qui voguait dessus pour un voyage de douze minutes, pendant lesquelles ont germé, je crois, tous mes rêves de voyages et ma vadrouille pendant trente à quarante années de ma vie.
L'étang n'était pas très grand mais il y avait une île, et le Petit Mousse en faisait le tour.
Parfois, l'étang devenait romantique et les arbres suspendaient leurs branches au-dessus de l'eau, se donnant des airs de mousses espagnoles du Sud profond des Etats-Unis.
Le Petit Mousse avait donc fait son dernier voyage en deux mille cinq.
On se demandait ce qu'il était devenu. Où avait-il pris sa retraite ?
C'est dans le journal de ce jour que j'en ai eu la réponse. Il a failli disparaître. Des passionnés, vieux enfants reconnaissants, se sont groupés, ont tenté de le restaurer, mais se fut impossible. Trop vieux et trop usé. De plus, non conforme aux normes modernes. Il transportait quarante enfants, la loi actuelle n'en permet que vingt deux.
Alors, il va aller rejoindre le musée de la Mer de Bordeaux.
Mais que les enfants se rassurent, le Petit Mousse II va bientôt prendre son service de fabricant de rêves.