L'amie parisienne et moi étions encore dans le parc, les feuilles dorées et rouges paraient encore les arbres avant de les quitter en virevoltant.
La balade allait vers sa fin, mais le parc avait encore quelques beautés à nous offrir.
Nous suivions le plan d'eau qui se coulait entre les arbres, essayant, de ci de là, d'en piéger quelques-uns dans son royaume aquatique.
Puis, l'eau s'est mise à frissonner légèrement, comme si une vie secrète l'agitait tout-à-coup. Les lignes se sont brouillées, et une sorte de poésie un peu féérique s'est révélée à nos yeux étonnés. Complice, le feuillage alentour donnait au décor un air de mystère, et nous renvoyait à la magie de notre enfance. Il y avait là un sortilège, et, c'était sûr, une fée allait apparaître dans l'éclat doré qui baignait cet endroit.
Nous étions fascinées, et peut-être était-ce là le pouvoir redoutable de ce lieu : nous enfermer dans une bulle hors du temps jusqu'à en perdre le sens.
Est-ce ainsi que s'exerce le charme des sorcières ?
Nous nous sommes secouées et avons tourné le dos à ce piège irréel, pour nous trouver quelques mètres plus loin, nez à nez avec un massif foisonnant de fleurs jaunes pleines de gaieté.
Plus loin, un bouquet géant de roses tardives trônant telles des reines au milieu de leurs sujets.
Et, isolées au milieu d'un endroit désolé, des fleurs inconnues pour moi, montraient un coeur gros comme chargé d'un chagrin secret.
Pourquoi cette tristesse ? Ah ! j'ai compris.....il leur manque le rire des enfants tournant sur le manège,
Et les regards admiratifs des voyageurs du petit train rouge et vert.
C'était l'heure mélancolique, alors nous sommes parties.
Peu après, la parisienne est repartie dans son nord de lumière froide; quand à moi, je me suis promise de revenir au temps de la liberté retrouvée.