Aujourd'hui est une journée mémorielle où un nom sinistre est évoqué : Auschwitz.
Ce nom a chez nous, une résonnance particulière, car, c'est là que ma grand-mère paternelle a fini sa vie en mille neuf cent quarante quatre.
Elle était partie pour ne jamais revenir, par le convoi n° 12 au départ de Bordeaux vers Drancy, au mois de janvier de cette année-là. Puis, le train de marchandises qui l'emportait vers la Pologne.
En ce temps-là, j'étais encore une très petite fille. Mon père était prisonnier dans un pays lointain, également à l'est de l'Europe. Ma mère se cachait quelque part, et moi, j'étais cachée en Charentes, chez de braves gens qui m'avaient accueillie. Ma grand-mère avait été trahie par des voisins qui l'avaient reconnue.
A la fin de la guerre, mon père est revenu et, pendant près de vingt ans, il a recherché sa mère. Nous avons une mallette pleine des lettres qu'il envoyait à la Croix Rouge, en Allemagne, en Autriche, en Russie....jamais il n'a eu de réponse. Jusqu'au jour, dans les années 80, où nous avons appris qu'elle avait été gazée dès son arrivée à Auschwitz; mais mon père n'était plus là pour le savoir.
Et moi, pendant tout ce temps, et même encore, bien que sachant ce qui s'était passé, dès que je vois un groupe de déportées, en photos ou dans un reportage télé, je me surprends à chercher ma grand-mère, puis, je me traite d'idiote.
Il y a des choses accrochées si fort dans la mémoire que rien ne pourra empêcher sa quête. Et en fait, on ne peut jamais faire son deuil s'il n'y a pas de pierre tombale.