Aujourd'hui, trente et un mars, est le septième anniversaire du jour le plus funeste de ma vie sociale.
Ce jour, je le dois à Monsieur François Hollande qui était alors Président de la République, et je ne le remercie pas. C'est lui, en effet, qui a eu cette brillante idée de supprimer la fonction de médecin attaché à une Maison de Retraite, enjoignant aux résidents de choisir un médecin traitant parmi les généralistes libéraux de la ville de résidence.
Ceux-ci n'étaient pas ravis non plus, car ils avaient autre chose à faire avec leur propre patientèle. Aussi, en ai-je vu, examinant les dossiers des patients et écrivant des ordonnances dans le bureau des infirmières, mais........ omettant d'aller voir les malades.
Pour moi c'était le jour redouté de la dernière visite, la dernière consultation, et la grande tristesse de l'adieu aux patients.
Certains ont pleuré, et m'ont tiré une larme.....ou deux......ou......L'ambiance n'était vraiment pas à la gaîté.
Et c'était l'horrible retraite, le sinistre poisson d'avril.
Mais Monsieur Hollande ne m'a pas demandé mon avis. Si cela n'avait tenu qu'à moi, je ne me serais jamais arrêtée.
Comment peut-on aspirer à la retraite, cette antichambre de la mort ! Je ne l'ai jamais compris et ne le comprends toujours pas. Et pourtant, je faisais de longues journées, et deux cents kilomètres aller / retour en voiture tous les jours, dimanche excepté. Je passais la journée à galoper dans les couloirs, et grimper les étages pour aller consoler Madame X qui pleurait parce que sa famille ne venait jamais la voir, ou réconforter Monsieur Y, condamné au fauteuil roulant, lui qui avait été si sportif.
J'avais un métier formidable. Le plus beau du monde.