Dans la vie de chacun de nous, il y a des temps heureux et, d' autres, qui le sont moins. Ils forment une noria.
Parmi ces temps heureux, il y avait celui où mes parents étaient encore là. Le samedi matin, ils allaient faire une grande balade dans les bois qui sont derrière chez nous. Puis, mon père n' a plus été là, et c' est moi qui ai accompagné ma mère. Et maintenant.......je ne vais plus au bois.
Nous étions en novembre; le ciel était bleu, comme aujourd'hui, mais la température plus clémente, car, en ce moment, il fait anormalement froid; une température de janvier.
Nous allions par un large chemin de sable qui servait de pare-feu. De-ci, de-là, des touffes de bruyère callune égayaient le chemin.
Dès l' aube, on entendait pétarader dans la forêt. Les chasseurs étaient sur la piste, et nous nous gardions bien d' y aller trop tôt. J' avais vu, pendant mon internat, arriver à l' hôpital, un homme dont les fesses étaient constellées de plombs, et je m' étais bien amusée à les lui enlever.
Parfois, les pins et les chênes font un peu de place à d' énormes marronniers, et le petit sac que nous emportions se remplissait vite de marrons, que nous dégustions le soir avec de la confiture.
Et puis, il y a les échappées sur la lande, vestige d' un ancien incendie, que les plantes recolonisent petit à petit.
Fougères, houx et jeunes pins s' y mélangent dans un plaisant désordre.
Un jour, nous avions même eu la chance de voir, surgissant des broussailles, en un envol un peu lourd, un faisan malin, qui avait du s' y cacher, en attendant le départ des chasseurs.
Ainsi va la vie, qui un jour, s' envole dans le bleu du ciel, peut-être plus légèrement que ce faisan.