voyage cambodge
On l' appelait " Alger la Blanche " et, parfois, pour certains, comme avait dit Roland Bacri " Alger la Planche ". On parle beaucoup de l' Algérie en ce moment, une autre, ce qui m' incite à vous parler un peu de la mienne, malgré les couleurs qui s' estompent, les odeurs qui s' affadissent, mais que l' on recrée à volonté............dans la cuisine.
Les photos sur papier ont bien résisté au temps, les diapositives ont trahi; j' ai essayé de les arranger au mieux; malheureusement on faisait beaucoup de diapositives.
Alger coule vers la mer, c' est le port qui l' empêche d' aller s' y noyer. Et le boulevard Pitolet qui en suit la courbe.
Du Balcon Saint Raphaël, on la voyait dégringoler. J' aimais bien y aller, car, si mes souvenirs ne me trahissent pas, c' était près du Dar El Alia où il y avait de si bons gâteaux.
Des noms se télescopent dans ma tête, le square Bresson, où j' allais manger des glaces avec ma camarade Claude, la place du Gouvernement où chevauchait le Général Bugeaud dans une cavalcade immobile, la rue de La Lyre par laquelle on accédait à la Casbah. De là, je grimpais la rue Médée et allais avec une amie en visiter d' autres.
Les joueurs de dominos et les fumeurs de chicha ne nous regardaient pas toujours aimablement. C' était la guerre !
J' adorais la Casbah; je m' y racontais des histoires, et parfois éprouvais quelques frissons en pensant à Ali La Pointe. Je me suis faite aussi ramassée par une patrouille militaire plus d' une fois, avec un sermon à la clef. Si mes parents avaient su ça !!!
La Casbah vibrait d' une vie grouillante, apparemment anodine, mais on savait qu' une vie cachée et brutale y rampait tout bas. Il ne faisait pas bon y traîner en fait, et j' étais sans doute inconsciente et un brin provocatrice, comme toujours. Je me lançais des défis " anti-peur ".
Des palabres mystérieux s' y tenaient, prés de la bouche noire d' une ruelle;
des paroles s' échangeaient, qui n' étaient pas toutes anodines;
le mystère était partout, dans un regard qui suivait dans l' ombre.
C' était Alger des années soixante. Mais il n' y avait pas que le côté sombre. Il y avait encore de la place pour un peu de musique, et je vais m' arrêter là, car il y a toujours des brins de bonheur partout.