Il est une île que j' ai connu si tranquille, que, lorsque par hasard, une voiture passait sur la route proche, on s' en irritait en disant " encore ! ", alors que ce n' était que la deuxième depuis les quatre dernières heures.
Cette île, qui fut celle des " Lotophages " citée par ce vagabond d' Ulysse, qui y séjourna avec quelque délectation, est l' actuelle Djerba souvent qualifiée de " douce ". Elle est un petit joyau situé dans le golfe de Gabès, au sud de la Tunisie.
( image Wikipédia )
A une dizaine de kilomètres de la capitale " Houmt Souk ", dans le petit village de Hara Sghira, se trouve une très ancienne synagogue, qui avait été construite par les Juifs, chassés de leur terre de Palestine après la destruction du Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor en cinq cent quatre vingt six avant J-C. Ils avaient trouvé refuge sur cette petite île paradisiaque.
Quelques pierres, provenant des ruines du Temple, auraient même servies à la construction de la synagogue.
On la nomme " la Ghriba ", ce qui veut dire " la merveilleuse "; elle porte bien son nom, car c' est une vraie merveille.
Dès l' entrée, on est pris dans une symphonie de couleurs, malheureusement un peu altérées sur ces photos prises en mille neuf cent soixante sept.
Après notre respectueux " chalom ", un vieux rabbin nous en a fait les honneurs.
Il nous a même montré les rouleaux de la Torah, qui semblaient eux aussi très anciens.
Et, j' aurais bien aimé emporter le très vieux livre qu' il avait sur les genoux.
La " Tebah ", endroit où est lue la Torah, est située au centre de la salle, en conformité avec le rite sépharad.
L' homme qui lit devant elle a bien voulu jouer les figurants, pour donner de la vie à la photo.
Il est très dommage que mes photos aient mal vieilli, car, les couleurs ne sont pas rendues aujourd'hui telles que je les vis alors, en particulier les bleus qui, certains, apparaissent verdis.
Tous les ans, lors de la fête de Pessah, la Pâque Juive, de nombreux pèlerins viennent du monde entier, surtout d' Europe.
Cette synagogue a connu des évènements tragiques.
En mille neuf cent quatre vingt cinq, un soldat tunisien tire dans son enceinte et tue cinq personnes, dont quatre Juifs.
En deux mille deux, c' est un membre d' Al Qaïda qui fait vingt et une victimes, à l' aide d' un camion-citerne.
Les Tunisiens, comme tous les commerçants, savent très bien se placer, avec raison d' ailleurs, près des endroits qui attirent les touristes, tel ce vendeur de poteries,
Il fut un temps où j' allais assez souvent à Djerba; j' ai même " failli " y acheter un menzel. Mon père avait de l' argent qui lui était dû, dans une banque à Tunis, qu' on ne voulait pas lui envoyer en France. Il fallait le dépenser en Tunisie. Mais....j' ai eu la flemme de couper mes vacances pour aller dans la capitale me livrer à des discussions sans fin. Je n' ai donc pas de maison à Djerba, sans doute tant mieux, et l' argent.......il est toujours à Tunis, ou a disparu......dilué dans le temps.