Jeudi dernier, le temps était toute douceur et couleur de palombe. Il inclinait un peu à la nostalgie, et je suis partie vers Les Abatilles, lieu de mes vacances d' enfance et de jeunesse, où de fantomatiques silhouettes sont venues défiler devant moi.
Deux garçons, deux frères, et une fille; ils étaient mes alter ego. Tous les ans, dès la fin des classes, j' étais sur place. Les deux garçons déboulaient de Paris quelques jours après, et la fille, bordelaise, un peu plus tard. Tant que nous n' étions pas au complet, on se sentait un peu handicapé, mais nous prenions de l' avance sur les innombrables bêtises que notre imagination débordante nous soufflait. Tout était réuni pour que nous forgions une amitié qui durera autant que nos vies.
Je suis arrivée par la corniche, c' était marée basse.
La côte du Cap Ferret, en face, était trop nette pour ne pas annoncer la pluie ou l' orage, et la distance semblait raccourcie.
Un certain silence régnait, privilège des plages désertées par les touristes. Le bassin était calme, jets ski et hors bords ne sortant plus que le week-end. J' en admirais, une fois de plus, les couleurs changeantes. Ce lieu est magique.
Il montre un visage différent selon les saisons, mais, sa beauté enchante quel que soit le temps.
J' en resterai amoureuse jusqu' à ma mort, et peut-être au-delà, qui sait ?
La marée remonte et, peu à peu, recouvre les bancs de sable.
Les pêcheurs au lancer ont repris possession de ces lieux dont les touristes les avaient exclus.
Les abords de la plage ne ressemblent plus à ce qu' ils étaient dans notre jeunesse. Ils ont été aménagés, civilisés. Une promenade la longe.
Les pins sont toujours là.
Mais, avant, la dune dégringolait directement sur la plage, et nous la dévalions en courant pour finir par un plongeon, qui, de préférence, aspergeait les vieilles dames trop près de l' eau.
Sur la plage Péreire, les " grands " jouaient au volley, avant qu' on ne le redécouvre en beach volley, ce qui est plus " smart "; et Coca Cola sponsorisait des tournois avec ceux du Cap Ferret.
Et nous, le " gang des sucettes " on perpétrait nos malfaisances de garnements, dont certaines ont été avouées aux parents..........après la prescription trentenaire, ce qui entraînait un " si on avait su ça ! " plein de menaces chargées du regret de ne plus pouvoir les appliquer.
Mais, assez de nostalgie, je vais rentrer à la maison, les yeux pleins de cette plage, celle d' aujourd'hui,
Et celle du souvenir.