Notre amie Passion a lancé son jeu de mots. Je ne savais pas trop quoi dire, et si j' en aurais le temps. Et puis, ce matin, je me suis réveillée, sortant d' un rêve doux amer, où je l' ai retrouvé, un de ces rendez-vous nocturnes, où il sort de ce monde inconnu où nous allons tous, un jour ou l' autre, pour que nous puissions nous revoir dans le monde chimérique du sommeil.
Tout avait commencé dans cet amphithéâtre de la fac de sciences. Nous étions mille deux cents, tous frais émoulus du lycée, venant étudier la physique, la chimie et la biologie qui devaient nous ouvrir la porte de la fac de médecine.
Déjà, à notre insu, l' aimant avait fonctionné, nous amenant l' un à côté de l' autre, dans cette multitude. J' appris que j' avais le même prénom que sa mère, et je ne savais pas encore que j' allais devenir, avec elle, l' autre femme de sa vie. Il n' y a eu, entre elle et moi, aucune rivalité, seulement une grande affection réciproque.
Un jour, il m' a emmené chez ses parents, au milieu des vignes, et pour me présenter, a simplement bafouillé : " c' est.....Elle ".
Nous aimions les mêmes choses, nous nous ressemblions assez, et étions assez subtilement différents pour que notre entente soit parfaite.
Nous avions une vie publique, et l' autre, la secrète, celle où s' exprimait cette complicité de l' âme qui n' avait besoin que du seul regard pour se comprendre. Celle du partage et de l' intimité. Les moments précieux qui rendent les êtres si précieux l' un pour l' autre. Et ces grands moments de silence partagé, dans lequel la dimension des sentiments devient immense.
Et tout a fini, il y aura huit ans dans quelques jours, dans cet hopital, où, atterrée, je me tenais à côté de son lit, nos mains unis dans un silence effrayant, rempli de sanglots muets, car nous savions tous les deux que tout allait s' arrêter là.
Depuis, je sais qu' il marche sur un chemin parallèle, je sais aussi, que nul n' est vraiment mort tant qu' un vivant pense encore à lui.
Il était mon âme-soeur.