Le Niger est un pays mouvant, un désert sous un ciel de plomb, traversé par un fleuve de plomb. De tous les pays d' Afrique Noire,( est-ce que ça se dit encore ?), que j' ai eu la chance de visiter, c' est celui que j' ai le plus aimé. Il y a les hommes du désert, et les hommes du fleuve. Le monde du grand silence, et celui où la vie chante et vibre au bord du fleuve.
Bien des histoires couraient sur ces glorieuses pêches, que les hommes pouvaient faire au temps où le Dieu-Fleuve, qui habitait dans une île, ne les avait pas encore abandonnés. En ce temps-là, ils pouvaient prendre à la main, le poisson que le dieu leur donnait. Mais, jamais contents, les hommes ont lassé le Dieu-Fleuve avec leurs récriminations, et il est parti, son harpon d' or à la main, sur sa barque de boue et de roseaux. Avant de partir, cependant, il a multplié les poissons dans le fleuve. Dès lors, les hommes durent pêcher au harpon, pour assurer leur subsistance. Rendons grâce au Dieu-Fleuve qui a multiplié le délicieux poisson-capitaine.
Les femmes se donnent rendez-vous au bord du Niger pour y faire lessive et vaisselle. Et aussi, d' interminables bavardages. Mais gare aux hippopotames qui ne sont pas toujours très avenants.
Le fleuve est aussi une grande voie de communication, et lors du grand marché d' Ayorou, pas loin de la frontière malienne, beaucoup viennent en pirogue, même du Mali voisin. Est-ce encore le cas ?
Le fleuve va poursuivre sa route liquide vers la grande mer, loin au sud. En cours de route, sa boucle s' inscrit dans des méandres et des marigots, et forme un " W " où se situe un parc national, à cheval sur trois pays : le Niger, le Bénin et le Burkina Faso. Au temps où je suis allée les visiter, ces deux derniers se nommaient encore Dahomey et Haute Volta.
Les temps changent, les hommes aussi, sans doute. Font' ils encore ces grandes fêtes si colorées pour célébrer la fin du ramadan ?
(dessin extrait du livre " L' Afrique Noire ", éditions Odé, 1952)