Entendre parler en ce moment de " Tonnerre de Brest " a ramené en ma mémoire la " Cutty Sark " qui, en mil neuf cent quatre vingt dix, avait fait escale à Bordeaux.
Il faisait une chaleur écrasante, quarante degrés avaient figé le thermomètre pendant plusieurs jours, et je me souviens que les insolations et coups de chaleur sur les quais, avaient mobilisé les pompiers et le SAMU à maintes reprises.
Nous étions allés à Fort Médoc, sur les bords de la Garonne, en aval de Bordeaux, dans l' espoir de voir arriver ces grands voiliers.
Nous en avons vu arriver quelques uns, malheureusement, les voiles étaient, pour la plupart relevées, sauf pour le fidèle Belem, mais l' air, quasi immobile, ne gonflait guère les toiles.
Puis, nous sommes vite allés à Bordeaux, où la lumière se faisait déjà crépusculaire pour accueillir le bateau-école du Mexique, un énorme quatre mâts, portant fièrement le nom du dernier empereur aztèque : Cuauhtemoc.
Bordeaux n' avait pas encore changé de Maire, les quais étaient tout aussi beaux, mais, on ne s' en apercevait pas trop, ils n' avaient pas encore été mis en valeur,
et la Russie s' appelait encore URSS. Il se murmurait que les marins soviétiques étaient étroitement surveillés quand ils descendaient à terre.
Je m' imaginais ce que devait être le port dans les siècles précédents, au temps de la Marine à Voiles. J' aimais voir ce foisonnement de mâts et de vergues strier le ciel torride.
Les figures de proue rivalisaient d' originalité.
Les gens se pressaient pour aller visiter ces beaux navires,
ou aller faire une balade sur l' emblématique Belem;
Puis, un par un, ils ont viré sur la Garonne, et repris le chemin de la haute mer, voguant vers de nouvelles aventures, ne laissant plus dans nos yeux qu' un reflet émerveillé.